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Vous consultez les archives de L’Euro-blog d’Alain Malégarie pour le mois février, 2010.

Halte au feu ! Le soldat euro n’a pas besoin d’être sauvé ! Il va bien, merci pour lui !

11 février 2010

En tant qu’ancien directeur général de l’Institut de l’euro, je ne peux me taire sur les approximations, amalgames et les absurdités ou contrevérités (voulues ?) que j’entends à propos de la situation économique ou financière très difficile de la Grèce, et des grosses difficultés du Portugal et de l’Espagne qui mettraient en péril la zone euro et l’euro lui-même !

Il ne faut certes pas minimiser la situation des maillons faibles de la zone euro (déficits abyssaux, crise économique forte, laisser-faire de gouvernements irresponsables), comme la Grèce qui a laissé filer le déficit jusqu’à … 12,7% du PIB en 2009 ! Mais de là à conclure que ces pays vont couler l’euro, deuxième monnaie mondiale, il y a des limites à ne pas franchir.

Décidément, l’euro, cette réussite exemplaire, qui a à peine dix ans, suscite toujours des réactions démesurées et disproportionnées. Quand il monte, c’est grave. Quand il baisse, c’est grave. Il faudrait savoir, non ? Je parie que le jour où il sera à 1 euro pour 1 dollar, d’aucuns trouveront encore à redire ! Que quelques spéculateurs attaquent l’euro sur les marchés, c’est la vie. Le dollar y a eu droit des dizaines de fois en cent ans de domination mondiale. La livre sterling aussi. C’est même une reconnaissance ! C’est l’apanage des monnaies fortes, des monnaies qui comptent. On spécule sur les monnaies importantes, pas sur les monnaies faibles qui ne pèsent rien sur les marchés mondiaux. On s’inquiète parce que l’euro passe de 1,50 à 1,36 ? Et alors ? En 2000, l’euro était à 0,80 !

L’euro, le dollar, le yen, le yuan passeront leur temps à se « mesurer » les uns par rapport aux autres. Avec des hauts et des bas, au gré de trois facteurs clés : la confiance entre les pays détenteurs de la monnaie en question ; la confiance en cette monnaie ; et le « jeu » récurrent des spéculateurs internationaux. Il y a 15 ans, Georges Sorros avait réussi à faire plonger la livre de plusieurs points ! Et alors ? Qui a  osé remettre en question la livre ?

Qui oserait remettre en question le dollar (alors que ces jours derniers, les bourses américaines et japonaises ont plongé également) ? Alors pourquoi, à chaque petit rhume, faut-il « craindre pour l’euro et la zone euro ?

Je sais bien que certains voudraient prendre leurs désirs pour des réalités, mais l’euro est solide, quelque soient ses fluctuations passées, actuelles, et à venir.

De même, ces pays fragiles ne sortiront pas de la zone euro. La solidarité européenne finira par jouer. La Grèce est déjà mise sous tutelle, pratiquement, depuis le 3 février par la Commission européenne, et le gouvernement grec a enfin un plan drastique : gel des salaires des fonctionnaires, augmentation des taxes, relèvement de l’âge légal du départ à la retraite.

L’Espagne et le Portugal vont aussi devoir faire des efforts.

Comme cela arrivera, tôt ou tard, aux « grands » pays : Allemagne, France…

De même, si les fonds spéculatifs continuaient à déraper durant quelques semaines, la BCE finira, évidemment, par intervenir sur les marchés pour calmer tout le monde et décourager les spéculateurs qui jouent la baisse. Même si le Traité de Maastricht ne le prévoit pas formellement, rien n’empêche la BCE d’agir. Elle ne laissera pas trop dévisser une monnaie exemplaire qu’on a mis …. trente ans à réaliser. Monsieur  Trichet a déjà eu la sagesse de sermonner les banques en leur demandant instamment de libérer le crédit afin d’accélérer la  reprise (certaine) de l’économie en 2010.

Certes, la Grèce a souvent falsifié ses statistiques économiques (d’autres pays aussi). Elle n’aurait jamais obtenu sa qualification à l’euro, sinon. Mais maintenant, elle y est. Elle devra assumer, et se réguler. On ne l’aidera pas sans contreparties, et sans garanties. Ce serait une prime à l’irresponsabilité.

Tous les pays de la zone euro vont devoir aussi lutter contre leurs déficits énormes qui plantent  leur avenir.

On en revient toujours à la même conclusion : il  va devenir de plus en plus évident de mettre un terme aux « réflexes » protectionnistes et nationalistes de chaque pays, et de penser vraiment collectif à travers une vraie gouvernance économique européenne : harmonisations budgétaires, fiscales, sociales ; et STOP aux nouveaux déficits budgétaires. Déjà, l’Allemagne veut rendre ce principe constitutionnel. Et la France ?… Les autres pays suivraient si les deux grands donnaient l’exemple. On a une vraie monnaie, protégeons la !

Si on avait encore le franc, on aurait dû dévaluer de 10 à 15% rien qu’avec notre déficit énorme de 141 milliards d’euros en 2009 !!

Aussi, les principaux dirigeants de l’Union devraient quand même finir par être conscients de… s’unir vraiment pour agir de concert, et ne pas penser à leur destin personnel… Car l’Amérique d’Obama semble (déjà !) ignorer l’Europe, et ses « multiples interlocuteurs… » et jouer l’avenir avec la seule Asie. Les responsables européens risquent d’avoir une lourde responsabilité devant l’Histoire si leur égoïsme persistait… Au fait, où est passée madame Ashton, absente même en Haïti ?

Dans leur choc frontal, les USA n’auront de cesse de faire chuter le dollar pour se (re)donner des marges de manœuvre en terme de compétitivité économique. Et donc l’euro, sans gouvernance politique, va remonter très haut, très fort !

Ce n’est pas l’euro qu’il faut changer, ce sont les dirigeants qui raisonnent trop « Etat-Nation ». L’Allemagne surtout, qui est le leader de la patrouille Europe, ne veut pas de gouvernance européenne. Car elle croit (sait ?) qu’elle peut s’en sortir seule… Il est vrai qu’elle a tout payé ou presque : la réunification allemande ; le budget de l’Union ; la naissance et l’euro (1 euro pour 2 mark !). Elle en a marre de ces pays « du Club Med » qui vivent au crochet de l’euro depuis dix ans en laissant filer leurs déficits (je pressens qu’elle met la France aussi, dans ce Club Med…). Bref, tous les « latins et grecs ». Les médiocres de la classe Europe. Ceux qui ne méritaient pas l’euro. C’est pourquoi l’Allemagne ne veut pas renflouer les pays laxistes.

Vivre à crédit sur l’euro, lorsqu’on est endetté jusqu’à l’os, est immoral, et suicidaire à terme. L’euro est un anesthésiant : sa force permet aux gouvernants de consommer à crédit. Jusqu’à quand ? Ce n’est pas la Grèce, ni le Portugal, ni même l’Espagne qui fera chuter l’euro.

En revanche la France, l’Allemagne, oui, si ces pays ne redressent pas, vite, leurs finances publiques, et continuent à vivre au-dessus de leurs moyens…

Barack Obama vient peut-être de donner à ses homologues européens une leçon de courage, et une leçon tout court : il vient de renoncer au programme lunaire. La première puissance du monde qui renonce à la lune, où elle mit le pied en 1969 ! Principe de réalisme, et de courage politique, car même l’Amérique est moins riche. Et elle ne se le cache pas… En Europe, l’orchestre du Titanic a décidé de jouer jusqu’au bout… En renonçant à la lune, Barack Obama est revenu… sur terre.

Les Européens aussi vont devoir avoir les pieds sur terre, unis et solidaire. Puissent-ils enfin s’unir, et agir. Il commence à y avoir urgence…