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Vous consultez les archives de L’Euro-blog d’Alain Malégarie pour le mois janvier, 2017.

Adieu 2016, Bonjour 2017 !

02 janvier 2017

2016 fut une Annus horribilis avec le Brexit, la montée du terrorisme islamiste, le développement du nationalisme, et du populisme, l’anéantissement de la Syrie et les outrances de Poutine, le basculement du gouvernement turc dans la dictature, et pour finir, « cerise sur le gâteau », l’élection de Donald Trump, ce milliardaire fantasque, provocateur et dangereux !

Quelle surprise ! Pauvre Amérique ! Elle ne méritait pas un tel sort, un tel cauchemar ! Certes, son adversaire démocrate, Hillary Clinton, ne fut pas à la hauteur, sans charisme, et les gens en avaient assez du clan Clinton qui voulait devenir dynastie, même si Obama avait fait ce qu’il a pu, c’est-à-dire pas grand-chose à part la couverture santé et encore, imparfaite. Mais de là à élire un guignol ! Ami de l’Amérique, j’ai de la peine pour cette grande nation ! Quel déclin ! Il faudra tenir 4 ans (avant le renvoi) avec ce pur produit de la ploutocratie populiste, grossier personnage, raciste, nationaliste-blanc, xénophobe, homophobe, anti-Obamacare, climatosceptique, anti-migrants, anti-musulman, anti-hispanique, anti-mexicain, anti-chinois, pro-russe.

Même s’il a déjà renoncé à certaines absurdités (le mur avec le Mexique par exemple), les premières nominations font peur. On avait déjà eu l’Amérique de Bush-Junior avec ses néoconservateurs ( !), l’invasion de l’Irak et sa destruction quasi-totale ; mais là avec Trump, c’est le bouquet ! Ses propos anti-chinois peuvent inquiéter. Son arrogance anti-européenne (l’UE reste la première puissance commerciale mondiale, même avec le Brexit), et ses positions très ambigües avec la Russie de Vladimir Poutine, aussi. Pour un pays qui est, encore, la 1ère puissance du monde sur le plan militaire, diplomatique, culturel ou monétaire, c’est fâcheux !

Le populisme a contaminé toutes les démocraties occidentales (UE, Etats-Unis). Le système électoral américain est aussi à revoir, je pense : déjà Al Gore avait gagné en voix (+ 500.000) contre Bush. Cette fois-ci c’est le comble, Hillary Clinton a gagné de + de 2,3 millions de voix, mais ce sont les grands électeurs qui comptent. C’est un peu gênant…

Pauvre Amérique ! Les Américains ne méritaient vraiment pas cela. A présent, il faudra faire avec !

Le monde va très vite découvrir ce 45ème président américain, ses multiples tweets de campagne provocateurs, ayant déjà fait le tour du monde.

Sa victoire est époustouflante. Comme dans quelques pays d’Europe, la 1ère puissance mondiale a basculé dans le populisme nationaliste. Hélas. C’est un mouvement de fond. Donald Trump a tout raflé, presque tous les « swings states », nombre d’Etats qui votaient démocrate depuis 25 à 30 ans : la Floride, l’Ohio, la Californie du Nord ont basculé. C’est-à-dire que des Noirs, des Hispaniques, des Mexicains, des femmes, insultés durant la campagne, ont voté pour lui ! Et pas, comme on l’a dit au début, « que » les « petits blancs », pauvres, racistes et âgés. Il a renversé la table. C’est une victoire contre le clan Clinton qui menait le camp démocrate depuis 20 ans, contre Washington, contre l’Establishment, contre la mondialisation dérégulée, le libre-échange, l’immigration.

En nommant 3 juges à la Cour Suprême, il aura tous les pouvoirs : la Cour Suprême, la Chambre du Sénat et la Chambre des Représentants (les députés). Les juges de la Cour Suprême ont tout pouvoir sur les questions de société : ils peuvent ainsi interdire l’avortement ; revenir sur la libéralisation (contrôlée) du cannabis ; remettre en cause l’accord sur le climat (Cop 21)…

Ce président élu, milliardaire, a de quoi inquiéter notre Europe fragilisée par la faute de nos gouvernants de plus en plus nationalistes : comme le dit Jean-Claude Juncker, président de la Commission européenne, non seulement il (= Trump) semble ne pas partager les valeurs européennes, mais il ignore la manière dont fonctionnent l’Europe et le reste du monde ! Voilà qui risque de bouleverser les relations transatlantiques… Durant sa campagne, il n’a pas dit un mot sur le TTIP, par exemple ! Alors qu’il a dit vouloir renégocier l’ALENA (l’accord de libre-échange en Amérique du Nord, entre le Canada, les Etats-Unis et le Mexique), et le TPP (l’accord de libre-échange entre les Etats-Unis et 11 pays de la zone Asie-Atlantique, conclu fin 2015 et signé en février 2016). Ceci dit, le TTIP est déjà contesté du côté européen. On verra si Trump souhaite le relancer, à condition même qu’il sache ce qu’est ce projet d’accord. En négociation depuis 2013, on avait progressé, mais il reste encore beaucoup de points de blocage (transparence, accès au marché…).

Il tient des propos très agressifs envers l’IRAN (et il veut remettre en cause l’accord de 2015 sur le nucléaire !!) et les Chinois : par exemple, il veut taxer de 45% ( !) les entrées de produits chinois aux USA… Comme 25% des produits importés par les USA viennent de … Chine, il va donc pénaliser tous les Américains, qui vont payer beaucoup plus cher leurs produits ! Cela créera de l’inflation. Sans compter les mesures de rétorsion que ne manquera pas de prendre la Chine… En outre, la Chine détient un tiers de la dette américaine, en bons du Trésor. Il est toujours dangereux de mordre la main de celui qui vous nourrit, ou qui vous prête…. D’ailleurs, la présidente de la FED, Janet Helen, a déjà mis en garde contre les risques d’instabilité des marchés, si on fait n’importe quoi. Qu’à cela ne tienne, il parle aussi de déréguler les banques, de développer l’économie libérale en baissant les impôts sur les sociétés.

Il ne faut pas s’étonner si ce sont seulement les autocrates, les extrêmes droites nationalistes et xénophobes d’Europe qui ont chaudement félicité cet adepte du « politicus circus», fantasque et imprévisible : les Orban, Kaschinsky, Poutine et autre Le Pen. Qui se ressemble s’assemble… Ces gens-là qui sont déjà au pouvoir, ou qui espèrent l’être, jouent d’ailleurs contre leur camp, car Trump a déjà dit que l’Europe devrait financer sa propre défense (alors que l’Europe est sous le bouclier militaire américain depuis 1941 !) et payer sa protection par l’OTAN. Concrètement, cela signifie que les Européens paieront les salaires des ouvriers dans les usines d’armement américaines, vu que la force de frappe du monde est à 44% américaine !… Et le Front national applaudit l’élection de Trump ! Vous avez dit Front national, ou … Front « Anti-National » ?

Bref, si l’Amérique lâche l’Europe pour sa défense, il vaudrait mieux prendre notre destin en main, sans « assistance » des USA. Et donc réaliser, enfin une Europe de la Défense (que le Parlement français a torpillé en 1954) enfin autonome, et qui nous donnerait enfin une vraie souveraineté, ce que les nationalistes de tout poil refusent de comprendre. Mais y aura-t-il un sursaut européen ? Y aura-t-il, à part Angela Merkel, un dirigeant européen à la hauteur de cet enjeu ? Seul Emmanuel Macron a le courage de parler « Europe » (« l’Europe est la solution, pas le problème ») quand tant d’autres ont renoncé, même François Bayrou…

L’Europe souveraine passera par une communauté européenne de Défense, face aux ogres américains, chinois, indiens (bientôt), russes. C’est incontournable, à la fois pour notre sécurité, notre liberté, et même pour notre croissance et nos emplois. Il vaut mieux que le financement de notre défense « UE » aille aux entreprises d’armement européennes, non ? Et cela urge ! Voici ce dont la campagne de la Présidentielle française devrait parler, et sérieusement, plutôt que de nous « amuser » avec des fadaises et des sujets secondaires… Avec des vieilles recettes à peine re-liftées, qui ne marchent pas depuis 30 ans, avec des « solutions » qui ne sont plus en phase avec la réalité du monde et de ses mutations. J’y reviendrai…

Le problème de Trump, reconnu par tous les commentateurs (y compris le Parti républicain) est son imprévisibilité et ses méthodes de gouvernance. Il joue le « chaud et le froid », contourne les médias qu’il déteste en communiquant sur les réseaux sociaux, c’est le « Président-tweet ».

Certes, il a déjà reculé, sur le fameux mur avec le Mexique, et que les Mexicains devaient même payer ( !..). Il a reculé sur les 11 millions de « sans papier » qu’il voulait expulser durant sa campagne. Désormais il ne veut plus en expulser que 3 millions…Certes, s’il dérape trop, les Républicains, qui sont farouchement pour le libre-échange, mettront le « holà » et le Congrès bloquera, comme il l’a fait pendant 8 ans avec Obama ! Aux USA, c’est le Parlement qui a le pouvoir, pas le Président de la République… On n’est pas en France !

Mais au fur et à mesure des nominations, on constate que la part belle est faite aux hommes d’affaires milliardaires, au détriment des politiciens. Il y a très peu de femmes (4), un seul afro-américain, aucun hispanique. Le directeur de l’Agence pour l’environnement, Scott Pruitt, est ouvertement climatosceptique et nie les effets du CO² sur le climat ! Je ne sais pas s’il sera sensible à l’exhortation de notre président Hollande, au moment de ses derniers vœux aux Français, de ne pas remettre en cause la COP 21… Le directeur de la CIA, Mike Pompeo, est un farouche opposant à l’accord sur le nucléaire iranien. Steven Mnuchin, ancien dirigeant de la banque Goldman-Sachs et producteur de cinéma, sera chargé des Finances publiques américaines. Donald Trump s’est même permis, le 31 décembre, de provoquer Obama par un tweet, en déclarant que Vladimir Poutine était très intelligent, et cela au moment où Obama a viré 35 diplomates russes suite à leur ingérence informatique dans l’élection américaine !! Décidément, ce type ne recule devant rien !!

De telles nominations, déclarations provocantes ou voltes-faces créent des incertitudes sur les marchés financiers (même si la Bourse se porte bien) qui impactent les dettes publiques… Résultat, les taux d’intérêt vont remonter. Ça commence déjà, aux USA. L’Europe suivra. Fini, le temps béni des taux d’intérêt bas et du pétrole très peu cher, ce dont la France n’a pas su profiter, du reste !

Je rappelle ici que 1% de hausse de taux d’intérêt coûte mécaniquement 5 à 10 milliards € de plus pour le remboursement de notre dette (qui est à 2.130 milliards € !). Et tout cela arrivera au premier semestre 2017, en pleine campagne présidentielle française !.. La BCE pourra-t-elle réguler ?

L’élection de Trump faisant monter les taux d’intérêt et l’inflation, le dollar va grimper (ça commence déjà) au détriment de l’euro, deuxième monnaie mondiale. Ce qui augmentera la facture de nos importations, dont le pétrole. Et améliorera (un peu) nos exportations. Mais comme nous importons beaucoup plus que nous n’exportons !…

Annus horibilis, encore, pour l’Européen convaincu que je suis, avec le Brexit, voté par référendum du 23 juin par nos amis britanniques.

Le Royaume-Uni c’est (c’était, du coup) la 3ème économie de l’UE, derrière l’Allemagne et la France, et la 5ème puissance économique mondiale. Elle passe, donc mécaniquement, à la 6ème place, (du fait des pertes de sa place financière pour ses transactions dans le domaine de la banque et de l’assurance), au bénéfice de … la France qui retrouve la 5ème place ! En 2015, le Royaume-Uni exportait 44% de ses biens et services vers l’UE, et 53% de ses importations venaient de l’Union ! C’est dire si les conséquences seront importantes tant pour les Britanniques que pour les autres peuples de l’UE.

Ce vote historique a été (cf. mon billet sur le Brexit du 5 octobre dernier) un coup de théâtre, car personne (pas même Cameron qui eut cette idée pour assurer sa réélection en 2014 !) ne s’attendait à un tel résultat. Il a d’ailleurs profondément divisé le Royaume-Uni, et généré des débats sur les suites à donner, sans compter les querelles juridiques (cette question ne devait-elle pas être votée par le Parlement – très largement favorable au maintien dans l’UE – qui avait voté l’adhésion en 1973 ?), ou les colères de l’Irlande du Nord, de l’Ecosse qui veulent absolument rester dans l’UE, et certains mêmes adopter l’euro.

Très vite les problèmes sont apparus, dépréciation de la livre sterling d’environ 10%, entrainant de l’inflation car la balance commerciale est déficitaire ; suspension d’investissements. Les chambres de commerce ont révisé leur prévision de croissance du PIB de 2,3% à 1% pour 2017. par exemple, 100.000 emplois seront perdus si la City perd ses transactions en euros.

En cas de « hard Brexit » (sortie totale de l’UE), c’est tout le hub financier global qui serait touché, dans les secteurs des banques et des assurances, les sociétés de crédit, les gestionnaires d’actifs. 2 millions de personnes sont employés directement ou indirectement dans les services financiers britanniques ! Plusieurs grosses entreprises ont déjà gelé leurs investissements. L’Angleterre perdrait aussi les sièges d’instituts européens comme l’Agence européenne des médicaments (Lyon est candidate, parmi d’autres) ou l’Autorité européenne des banques.

Bref, chacun se rend compte des conséquences, et personne n’a de « plan B ». Il semblerait que le gouvernement britannique opte pour un soft Brexit afin de réduire la casse, en jouant la montre et en sauvant le maximum d’avantages du marché unique européen (libre circulation des Hommes, des services, des biens et des capitaux). En clair, il voudrait le beurre et l’argent du beurre : contrôler son immigration (il n’y a d’ailleurs que 3,5 millions de ressortissants d’un autre pays européen, soit 5% de la population globale) et sa législation, mais assurer aux entreprises la possibilité d’agir et exporter librement dans ce marché unique, biens, services et capitaux.

Ben voyons ! On prend ce qu’on veut, à la carte ! L’UE, c’est sérieux, ça ne fonctionne pas comme cela. Les négociations seront donc complexes, et c’est Michel Barnier qui les conduira pour l’UE. Tiendront-elles dans le court délai de 18 mois que souhaite le négociateur européen ? Ou bien s’enliseront-elles, si le gouvernement de Sa Majesté « joue la montre » ? Iront-elles même au bout, si chaque partie prend vraiment conscience des dégâts causés ? Mais comment l’expliquer alors à un peuple qui a voté le Brexit, même s’il a été fortement trompé par des politiciens menteurs et démagogues ? Qui vivra verra.

Le Brexit est une catastrophe pour le Royaume-Uni. Quid pour l’UE ? Theresa May a répété à plusieurs reprises que le Royaume-Uni voulait être le « plus attractif du monde ». Comment ? En baissant le taux d’imposition sur les sociétés, en le passant de 17% à 15%. Alors que l’UE traque les Etats membres qui cherchent à faire ce dumping fiscal ! Cela pourrait donc faire du mal à nos exportations.

2016, annus horibilis, encore, en Syrie où, après l’Irak, un autre pays se fait massacrer, cette fois de l’intérieur aussi, par son propre dirigeant, tyrannique, cynique et barbare, autant que la Russie qui massacre aussi bien le peuple syrien (hommes, femmes et enfants) que Daesch, afin de permettre de maintenir au pouvoir le sanguinaire Bachar. 5 ans d’abominations, de massacres, de drames, de calvaire, dans l’indifférence quasi générale, et l’impuissance, une fois de plus, de notre Europe, en raison des divisions entre nos piètres et lâches dirigeants nationaux. La partie se joue entre Américains et Russes, comme (trop) souvent. Et encore même eux, ils n’y arrivent pas. Elle est où la « souveraineté » des Etats-Nations, face à ces conflits ? N’est-ce pas plutôt des « Etats-Nations Humiliés » ?

Même impuissance et désolation pour la Turquie, alors même que l’UE est en « négociation » avec elle depuis des lustres sur son hypothétique adhésion avec nous. L’UE, patrie européenne des Droits de l’Homme, avec une CEDH (Cour européenne des droits de l’Homme), et dont les chefs d’Etat et de gouvernement ne bronchent pas, ne bougent pas face à la dérive liberticide et dictatoriale d’un Erdogan qui ne se sent plus depuis le putsch manqué de juillet 2016, et qui continue inexorablement à emprisonner des milliers de professeurs, étudiants, journalistes, intellectuels. Et nous, en UE ? On observe, on commente, mais on n’agit pas, car la Turquie nous fait le « boulot » en gérant 2 millions de migrants sur son territoire afin qu’ils « n’envahissent » pas nos belles prairies européennes. Donnant-donnant, Erdogan en contrepartie, fait ce qu’il veut. Même nos universitaires, nos philosophes, nos intellectuels ne protestent pas, ne défilent pas pour les Droits de l’Homme et leurs collègues emprisonnés !

Pire, officiellement, les négociations de l’adhésion turque à l’UE ne sont pas stoppées, elles sont juste gelées, suspendues. Comment l’UE, fondée sur des valeurs de droit, de liberté, de démocratie, de tolérance peut-elle encore envisager une seconde de négocier avec un pays devenu totalitaire ? Alors qu’il faudrait plutôt « sortir » la Hongrie ? Pourquoi un tel aveuglement ?

Pourquoi une telle lâcheté, aussi, face aux migrants ? La France devait en prendre 24.000 en 2 ans, chiffre déjà ridicule. En septembre 2016, il y en avait .. 1.300 sur notre territoire. 1.300 sur 66 millions d’habitants. Halte à l’invasion ! C’est plus possible ! Seule Angela Merkel a eu du courage, quitte à le payer, un peu, sur le plan électoral ! Elle est la conscience de l’Europe. Son humanité, à elle seule. Elle a accueilli, nourri, hébergé, instruit, appris la langue allemande à 900.000 migrants ! L’Autriche aussi d’ailleurs, a fait aussi bien avec 140.000 réfugiés pour un pays beaucoup plus petit ! Et nous, la France, 1.300 à ce jour. C’est honteux, ce repli sur soi à ce point.

Avec en prime, Manuel Valls qui s’est permis de « tacler » madame Merkel sur sa « politique migratoire d’ouverture » en pleine visite officielle à Berlin. Quelle arrogance ! Quel toupet ! Et ce type voudrait travailler, ensuite, avec la Chancelière, si par hasard il était élu en France ?? Jusqu’où ira le populisme, et la politique politicienne ?

C’est très dangereux, car les phénomènes migratoires ne font que commencer : migrations économiques, démographiques, sécuritaires, et demain climatiques. Là, ce seront des dizaines de millions de migrants, qui viendront. Il faudrait aussi apprendre aux citoyens la différence entre « migrants » et réfugiés politiques. De plus en plus de « nos » politiciens font, exprès, l’amalgame, et pas seulement l’extrême-droite… Il faudrait aussi, enfin, mettre le « paquet » en terme d’aide aux pays d’origine : les développer vraiment, et instruire des peuples qui, de toute façon, seront utiles pour venir suppléer, en Europe et ailleurs, à nos démographies de plus en plus vieillissantes. On ne le dit pas assez, mais d’ores et déjà, en Europe, les besoins d’immigration (économique) est de l’ordre de 20 millions de personnes. Les flux sont donc bien devant nous, pas derrière ! Or, les esprits, eux, se ferment de plus en plus.

Il faut donc agir sur le plan économique, sanitaire, environnemental et aussi démographique, par une politique résolue de planning familial. Prenons un seul exemple : le Niger. Il faut traiter ce double problème (économique et démographique) à la source, et rapidement. Le taux de fécondité au Niger est de 7,8%. Autre exemple : imaginons que la Turquie sombre dans le chaos, dans une dictature dure. Ils sont 80 millions. C’est au moins 10 millions de gens qui viendront se réfugier en UE. Et ils ne nous demanderont pas la permission ! L’Afrique sub-saharienne, du fait du réchauffement climatique accéléré, va de plus en plus connaître la sécheresse, et manquer d’eau. Les famines se multiplieront. Que fait-on ? Rien, sur le fond, alors que l’on connaît les solutions.

L’art du politicien est de gérer son élection à 5 ans, et encore. C’est la politique du « après-moi-le-déluge ». C’est d’ailleurs pour cela que nos politiciens légueront à nos enfants et aux générations futures 3 bombes à retardement : une dette abyssale qu’il faudra, d’une manière ou d’une autre, rembourser ; une planète archi-polluée et de plus en plus invivable ; et une Europe non achevée, sans défense pour affronter un monde de plus en plus peuplé et concurrentiel.

Merci pour tout !

Pour ceux que cela intéresse, je vous invite à lire les derniers rapports de l’OCDE sur les flux migratoires. Nos politiciens devraient le lire, surtout, cela leur ferait dire moins de sottises (peut-être…) notamment sur le « coût » des migrants, alors que le plus souvent ils rapportent plus en terme de fiscalité (travail et consommation). Quelques préjugés tomberaient aussi : 40% des migrants syriens ont achevé leurs études secondaires et 15% leurs études supérieures. Idem pour le fantasme de « l’invasion ». En 2015, les pays développés (de l’OCDE) comptaient 4,8 millions de migrants permanents, c’est-à-dire ayant obtenu un droit d’installation dans un pays. Et c’était un record depuis 2007. Mais ce « record » ne représente que 0,4% de la population de ces Etats ! En 2015, la France a enregistré 73.500 demandes d’asile, issus principalement du Soudan, de Syrie et du Kosovo. C’est le plus haut historique. Soit … 0,1% de la population. Et sur ce 0,1%, l’asile réellement accordé ne dépasse pas 10 ou 15%.

Voici pour l’invasion.. Mais cela ne fait rien : plus c’est gros, plus ça passe, et nombre de politiciens parlent et parleront « d’invasion », de « folie », et j’en passe. Sciemment, pour affoler les gens. C’est abject. La France, sur ces questions, est extrêmement à la traine par rapport à nos voisins européens, à la Suède, au Canada. Mais un jour, notre retournement démographique nous l’imposera aussi.

2016, annus horibilis avec la Russie. On fantasme beaucoup avec la Russie. C’est certes un grand pays qui peut faire des dégâts (cf. la Syrie !) ; un régime autocrate qui ignore la démocratie, les droits de l’Homme, emprisonne les opposants et tue les plus dangereux pour le régime, qu’ils soient journalistes ou opposants politiques.

La Russie (cf. mes anciens blogs) de Poutine veut restaurer son « empire », en annexant la Crimée, en convoitant l’Ukraine, la Géorgie, en étant de plus en plus anti-UE et nationaliste. Et peut-être, en plus, en trafiquant par l’informatique, les élections américaines. On peut craindre alors pour nos prochaines élections, et toutes celles du monde libre !

Mais face à une crise économique aigüe, à un rouble à l’agonie, ayant subi la chute énorme des cours du pétrole et du gaz, la Russie veut donner le change, par la force et le maintien d’un état de guerre latent (climat de guerre froide) pour se donner un rôle sur la scène internationale. La presse russe n’hésite même plus à évoquer une « 3ème guerre mondiale ». Les Russes ont même installé des missiles sol/air à tête nucléaire qui peuvent atteindre … Berlin ! Bonjour l’ambiance.

La Russie est aussi fortement touchée par les sanctions occidentales (USA + UE). On verra là aussi si Donald Trump fait le contraire de la politique d’Obama pour son « collègue intelligent » Poutine.

La Russie rend coup pour coup, multiplie les vetos au Conseil de sécurité sur toutes les tentatives de paix en Syrie. Mais je rappellerai ici, pour relativiser ces gesticulations, que le PIB de la Russie est l’équivalent de celui de l’Italie, et que son budget de défense est celui de la France (en France, c’est 1,5% du PIB, soit 1,5 de 280 milliards €). Donc, par rapport aux Etats-Unis, 1ère puissance militaire absolue pour très longtemps encore (44% de la force militaire mondiale), et par rapport aux efforts militaires énormes de la Chine, de l’Inde ou du Japon, il faut vraiment relativiser. Mais sur le plan communication internationale, pour impressionner ses interlocuteurs, là, chapeau, la Russie est efficace.

Annus horibilis pour l’Italie et notamment Matteo Renzi, le fringant président du Conseil italien qui a fait la même bourde que David Cameron en organisant un referendum sur la réforme du Sénat et des collectivités, et surtout en orchestrant un chantage stupide (mais très gaullien !!) : « si je suis désavoué, je démissionne ». En ces temps de populisme aggravé, où le (bon) peuple veut renverser la table, sortir tous les sortants, congédier les élites, le procédé est risqué. Bref, Renzi a joué, il a perdu. Exit Renzi ! David Cameron n’aura fait que 14 mois après sa promesse folle de referendum sur le Brexit. Renzi, lui, aura démissionné 2 jours après le vote fatal de décembre 2016. Dommage, car il avait fait de bonnes choses, était resté quand même 34 mois à la présidence du Conseil, ce qui pour l’Italie est déjà un exploit. Il avait ramené le taux de chômage de l’Italie à 11,5% / 12% (soit 2 points de plus que la France, « seulement »), même si l’économie italienne reste en léthargie, depuis (trop) longtemps. L’UE a perdu un dirigeant jeune, et surtout très européen (espèce qui devient rare). Mais il est tombé dans le piège désormais classique du referendum. On ne répond pas à la question, on se venge de celui qui la pose. C’est la célèbre formule de Woody Allen : « ma réponse est NON, mais rappelez-moi la question ! ». La personnalité de Renzi aussi a joué en sa défaveur : on a voulu lui dire  « zut ! ». Et son référendum a été perçu (à tort) comme une allégeance à ce que voulait Bruxelles ! Ce qui est absurde, évidemment. Mais cela n’explique pas tout : là encore, comme le Brexit, comme Donald, on constate la victoire, nette, du populisme de l’extrême-droite (le « fameux » Beppe Grillo), xénophobe, homophobe, anti-immigration et europhobe. Score sans appel : 55% de NON. Avec, en outre, un taux de participation très important.

Ce n’est pas en France que quelqu’un va organiser un referendum !! Mais notez que jamais, en ce mois de décembre 2016, on avait eu autant de gens (plus de 600.000) qui se sont inscrits sur les listes électorales pour la présidentielle française d’avril-mai 2017, et énormément de jeunes. L’avenir dira comment cette ferveur citoyenne louable s’est exprimée…On sait déjà qu’en France, malheureusement, 34% des jeunes votent FN. 34 % ! Incroyable.

Autre souci pour l’Italie (j’en avais déjà parlé dans mon blog il y a quelques mois) : la situation difficile des banques italiennes. Et notamment la plus ancienne banque d’Italie, la prestigieuse Banca Monte Dei Paschi, qui a besoin d’un plan de sauvetage de 8,8 milliards € pour éviter la faillite.

Attention au jeu de dominos : pour Lehman Brothers en 2007 que l’on avait laissé mourir, il avait fallu agir très vite après pour éviter l’hémorragie en cascade. Les banques italiennes sont nombreuses, morcelées, ayant pour clients les TPE/PME, donc fragiles.

Là encore la solidarité européenne (en zone €) devrait jouer, via la BCE si nécessaire. L’Italie, c’est quand même la 3ème économie de la zone € il n’est pas question de prendre des risques, et de tergiverser 2 ans comme avec la Grèce, en 2010…

Quelles perspectives pour 2017 pour l’Europe et le monde, après une telle année ?

Il est à craindre que les « règles » de la démocratie populiste s’intensifient partout. C’est la montée des anti-échangistes, anti-mondialistes, des protectionnistes de tout poil. Aux USA avec Donald, bien évidemment. Même si cela avait commencé avant, avec l’enlisement du MERCOSUR. Le TTIP risque à son tour de s’encalminer.

L’Europe n’échappe pas à cette nouvelle donne… Petit à petit, on remet en cause des procédures, même actées sur le plan constitutionnel ou international. C’est grave pour la démocratie, et cela peut générer du chaos à plus ou moins long terme. Même des pays favorables à des avancées « fédérales », lesquels sont par ailleurs en forte récession, veulent une déconstruction du régime juridique européen. On le voit avec le rejet des migrants, malgré un accord dûment signé par les 28 au Conseil européen. On ne respecte plus les textes, le droit européen ! En France, on continue à manifester même quand la loi est votée ! Cela a été encore le cas avec la loi El Khomri. Cela veut dire que l’on nie, on récuse, la représentation nationale, légitimement élue. La montée de l’individualisme et de la radicalisation généralisée, dans le verbe comme dans les actes (cf. le projet d’aéroport Notre Dame des Landes, malgré un référendum local qui a voté en faveur de sa construction), est telle qu’on se moque de ce qui a été voté. Si l’on sort de l’Etat de droit, c’est grave. Si l’on enterre, au plan européen, toute Europe post-nationale c’est tragique pour la suite, vu qu’un Etat seul ne peut solutionner aucun sujet majeur et planétaire…Si on bloque tout, le chaos économique et social qui en découlera, générera des gouvernements de plus en plus autoritaires et en dérive totalitaire. Schéma classique, hélas, du cercle vicieux.

Les exemples ne manquent pas : la Pologne reçoit 14 milliards € de fonds européens (presque autant que la France, à 15,5 milliards €) et pourtant, son gouvernement actuel, europhobe, n’a plus aucun loyalisme, solidarité à l’égard du fait européen. La Hongrie de Victor Orban, n’en parlons pas ! Elle n’a plus sa place dans l’UE. L’Irlande, malgré les accords de 2011-2012, n’applique pas ses engagements pour augmenter son imposition sur les sociétés. Elle avait été contrainte de passer cette imposition de 10% à 12,5% dans un premier temps. Elle en est restée là, ce qui continue à favoriser le dumping fiscal.

La nouvelle directive sur les travailleurs détachés, sujet qui agace bien des gouvernements et nourrit entre autre les votes populistes extrémistes, est sur la table des négociations du Conseil européen depuis des mois, mais les Etats « souverains » sont très divisés (selon qu’ils sont à l’est ou à l’ouest !) et tout est bloqué. Donc les populistes progresseront aux prochaines élections !..

La Wallonie idem. Elle n’est pas un Etat, mais une Région autonome d’un Etat fédéral, la Belgique. 3,6 millions d’habitants ont donc bloqué quelques semaines un accord, le CETA, entre l’UE et le Canada, dûment préparé depuis longtemps, acté par chaque Etat. Or ces accords sont importants, car ils concernent directement la vie des gens, leur emploi. Aucun accord n’est à 100% parfait, bien sûr, car fruit d’un compromis entre plusieurs Etats, mais quand même. Le CETA (bien plus petit que le TTIP) augmentera quand même les échanges entre l’UE et le Canada de 25%, soit 12 milliards € de plus, et fera économiser 1 milliard sur les droits de douane.

Cette révolte montante des peuples contre ce que font leurs « élites », contre la mondialisation et pour le repli sur soi, sera lourd de conséquences sur le plan économique, également. Et les gouvernements qu’ils éliront utiliseront systématiquement leur droit de veto. Tout ce qui doit se décider à l’unanimité sera condamné, dorénavant. C’est d’ailleurs ce qui arrivera à Donald, d’ailleurs, avec son Congrès de Républicains.

Prévoir ce que sera l’année 2017 sur le plan strictement économique est un exercice délicat, tant cela dépend de facteurs géopolitiques importants (conflits, attentats terroristes, décisions majeures du binôme Etats-Unis / Chine (l’Europe n’étant toujours pas fédérale, elle est hors jeu pour les grands sujets), situation du dollar et de l’euro, cours des matières premières, etc..

Comme chaque année à pareille époque, je me hasarderai toutefois à quelques pronostics, certains seront justes, d’autres seront infirmés par de nouvelles situations.

Je confirme néanmoins ce que j’avais déjà prédit dans mon euroblog, depuis quelques mois, et là, j’avais hélas raison : la montée des cours des matières premières essentielles, donc des taux d’intérêt. Tout cela se précise, et se conforte avec l’arrivée (non prévue celle-là) de Donald : son programme « America first » est très clair dès son titre. Il fait référence à un programme assez identique, porté par l’aviateur Charles Lindbergh, dans les années 30, et qui demandait l’isolement des Etats-Unis, la fermeture de ses frontières, et l’autarcie économique, alors que l’Europe s’enfonçait dans la crise économique et la guerre et que l’Allemagne avait choisi Hitler comme Chancelier. Le programme de Donald est très clair : mépris total de l’Europe et moindre de l’Asie, car les Asiatiques tiennent la dette souveraine de l’Amérique et donc le dollar. L’OPEP continuera à resserrer les robinets de pétrole pour augmenter les prix : on est passé en moins d’un an de 39 $ le baril à 57 $, et ça n’est vraiment pas fini. Que va faire l’Amérique de Trump ? Violer un peu plus l’accord COP 21 / COP 22 de Paris ou de Marrakech en continuant à monter partout aux USA des petits puits de forage et l’exploitation du pétrole de schiste qui, mis bout à bout, vont compenser les importations américaines qui étaient déjà assez faibles. Bref, l’Amérique va être la seule à ne pas être touchée, ou beaucoup moins, par la hausse mondiale du pétrole, et par contrecoup des autres matières premières comme le gaz.

Les taux d’intérêt à la hausse feront remonter le dollar américain, et donc baisser son challenger, l’euro. Et l’UE importe beaucoup plus qu’elle n’exporte, sauf les pays qui marchent bien, comme l’Allemagne. Je n’ose pas dire le prix de l’essence fin 2017 !…

Les taux d’intérêt vont à nouveau faire remonter le coût du service des dettes publiques des Etats, des collectivités, des entreprises, c’est-à-dire leur remboursement. Je ne développerai pas, j’en ai parlé supra avec le sujet Trump.

Tout cela va contaminer l’Europe, dont les taux d’intérêt vont remonter à leur tour, ils ont d’ailleurs déjà anticipé, car les marchés financiers sont mondiaux eux aussi. Là encore, il faut le répéter, tous les Etats peuvent élire des nationalistes, ils auront face à eux des circuits mondiaux, de toute façon : matières premières, financement, monnaie. L’autarcie et l’autonomie, les circuits courts, cela fonctionne pour la culture des choux et des carottes (et encore pas tous les aliments !), mais pas pour les circuits économiques et financiers. Avec ou sans mur.

Un exemple parmi tant d’autres : en zone euro, grâce à la BCE qui fait un excellent boulot et a introduit un peu, grâce à Mario Draghi, de la solidarité financière et budgétaire pour ses politiques de taux d’intérêt bas et de quantitative easing (injection monétaire massive pour couvrir les prêts aux Etats), la France, qui est très bien cotée sur les marchés financiers du monde entier, comme l’Allemagne, a bénéficié de taux 0 ou très faibles depuis 10 ans. Le calcul a été fait : en 10 ans, elle a économisé ainsi 150 milliards € sur le plan du coût des intérêts de sa dette énorme (2.030 milliards €). Vous avez bien lu : 150 milliards € d’économisé ! Car avant, à 3,5 ou 4% d’intérêts sur sa dette, la France payait, chaque année, 15 milliards € pour le seul intérêt de sa dette annuelle, (et non pour son remboursement). Donc la France, à partir de 2017, devra débourser à nouveau ces 15 milliards pour payer les seuls intérêts d’une dette qui a continué à augmenter sous le quinquennat de François Hollande (seul le déficit budgétaire a baissé un peu, mais la dette, elle, a continué à gonfler…). Bonne chance au futur président de la République…

Je serai très attentif durant cette belle campagne présidentielle française qui s’ouvre, qui sera bien sûr, efficace, sincère, documentée et visionnaire, à observer si ce sujet (et bien d’autres que je garde en mémoire..) sera abordé, et surtout expliqué comme je viens de le faire. Je pense que je devrai réécrire des billets sur ces sujets.

Tout cela pour dire que, avec les données que nous connaissons déjà, et sans préjuger d’autres faits, l’économie mondiale, même pour beaucoup de pays (dont plusieurs en zone euro) qui sont revenus ou ont même dépassé le niveau de croissance de 2008, sera quelque peu ralentie. L’Europe aura une croissance non négative, certes, mais, de l’avis de tous les rapports de l’OCDE, entre 1,3 et 1,4%. Ces prévisions portent sur 2017 et 2018. Donc, tous les candidats qui en France proposeront des « solutions » à 3% de croissance afin que cela « colle » à leur programme utopiste et démagogue seront des Tartuffe. A bon entendeur… Vous avez sûrement remarqué combien les programmes électoraux étaient décalés des réalités économiques du monde. C’est hallucinant. Et ça marche toujours, car les gens sont (trop) peu informés des situations réelles, surtout les sujets économiques. Quelque mois après l’élection, ils comprennent la duperie, mais c’est trop tard. Ils ne peuvent se venger que sur la côte de popularité de l’élu, ou dans un profond vote protestataire.

Ce taux de croissance sera d’ailleurs insuffisant pour la majorité de pays de l’UE ou de la zone €, mais à des degrés divers. Beaucoup d’Etats, dont la France, importent beaucoup plus qu’ils n’exportent, faute de compétitivité de leurs produits sur l’extérieur. Donc en France le chômage autour de 10% (au mieux !) perdurera, bien sûr.

Point positif : la BCE continuera à pratiquer sa politique d’injection monétaire, même si elle sera à son tour contrainte (le marché étant mondial) de relever ses taux d’intérêt. Donc du crédit plus cher pour chacun (Etat, collectivités, entreprises et particuliers).

L’autre grande nouvelle européenne, quasi totalement passée inaperçue depuis plusieurs semaines (il vaut mieux parler de la viande hallal et des frites, des Roms et du retour du plombier polonais) est que la Commission européenne commence à revoir sa position doctrinale sur l’application stricte des critères de convergence pour les Etats membres de la zone euro, je parle essentiellement, bien sûr, des fameux taux si controversés depuis 20 ans selon lesquels, pour chaque Etat, le déficit budgétaire ne peut dépasser 3% de son PIB et la dette souveraine ne peut dépasser 60% de ce même PIB.

Cet assouplissement budgétaire, très débattu au moment de la crise grecque de 2010, pourrait donc, si les dirigeants de chaque Etat le votent en Conseil européen bien entendu, et si chaque parlement national le vote après (mais qui serait contre ?) porter soit sur un relèvement des seuils des taux (ex : 4% et 70% ; ou 5% et 80%), soit sur une redéfinition dans la composition même du contenu de la dette : par exemple, en excluant du déficit le coût des engagements militaires extérieurs d’un pays. Encore un sujet qui devrait, il me semble, être traité (objectivement, si possible) durant les campagnes électorales…

Ensuite, et je vais le répéter à nouveau, tant que l’Europe intégrée sera rejetée par nos chers gouvernants aveugles, je veux parler ici des harmonisations fiscales, sociales, salariales, budgétaires, des pays marcheront mieux que d’autre et se feront concurrence. Année après année, 5 ou 6 pays en zone euro ou même en UE sont à la traîne. Toujours les mêmes : France, Italie, Espagne, Portugal et Grèce. Avec des taux de chômage à deux chiffres, ou presque. Avec des taux de croissance faibles qui condamnent à l’immobilisme des politiques à mener, exigent de fortes impositions sur les classes moyennes en activité, et une poursuite irresponsable de l’endettement public pour finir l’année budgétaire… C’est bien sûr le cas français, qui encore une fois décrédibilise toutes les propositions que j’ai entendues durant la « Primaire de la droite » et toutes celles que je vais entendre dans quelques jours avec celle de la Gauche.. On n’en sort pas, de cette coupure avec le monde réel.

Certains pays s’en sont mieux tirés en 2016, comme l’Irlande, la Suède, les Pays-Bas, l’Espagne et la Pologne, qui ont eu un taux de croissance de 3% ! (pour rappel, le taux de croissance de la France a été de 1,5%). Ce qui donne, à l’UE et à la zone euro, un taux de croissance de 2,2%, le meilleur depuis 2008. Ce résultat passable n’empêche malheureusement pas, du reste, le vote populisme de progresser partout. Sauf en Autriche, où l’élection présidentielle a vu la victoire nette de Van der Bellen sur son rival d’extrème-droite. Comme quoi c’est possible, les électeurs peuvent se réveiller, être lucides, et stopper ces candidats dangereux pour nos valeurs et notre niveau de vie. C’est ce qui se passera d’ailleurs en France (en 2017 du moins), bien sûr.

La reprise économique est là, mais fragile, timide, elle favorisera en premier les pays qui vont déjà pas trop mal.

La France, elle, reste à la traine, elle n’a rien fait pour stopper la hausse de la dette qui reste insoutenable, et restera le fardeau des générations futures. Depuis 3 quinquennats (depuis 2002), on a emprunté par an entre 50 et 120 milliards €, pour finir nos fins de mois. Depuis 40 ans, on a un budget bidon, pourtant voté par nos représentants élus, et qu’il faut réalimenter par des bailleurs de fonds étrangers. Depuis 25 ans, la France n’a plus rien fait pour poursuivre la construction européenne indispensable pour notre liberté, nos droits et notre niveau de vie. Malgré beaucoup de propositions de nos amis allemands. Hollande était européen, mais il reste tétanisé, comme les autres.

Le chômage. Encore une tartufferie ! Certes, il a baissé depuis un an. Les chiffres sont exacts. Il est passé de 10% à 9,6%. Quelle « victoire » ! Grâce aux contrats aidés (et emplois d’avenir) ; au plan de 500.000 formations supplémentaires de demandeurs d’emploi (ce qui les enlève automatiquement de la « catégorie » A) ; grâce aux primes à l’embauche (4.000 € sur 2 ans pour l’embauche d’un CDI ou d’un CDD de + de 6 mois) ; grâce au CICE. Ces mesures sont « mieux que rien », car sans elles, on aurait 11,5% de chômage ( !), et des dizaines de milliers de jeunes inoccupés, mais elles sont arrivées trop tard, et sont trop faibles (malgré les milliards engagés pour les payer). En Allemagne, on est à 4,5% de chômage, on n’a pas un million de gens formés en apprentissage ou en alternance, mais 3,5 millions ! Cherchez l’erreur. D’ailleurs, dans la majorité des pays zone euro, le chômage est entre 4,5 et 7,5%, pas 9,6%.

Depuis 2002, le chômage n’a pas baissé en France. Il a baissé en 2016 seulement, et très peu. Mais depuis 2012, il a augmenté de 700.000 chômeurs. Presque autant que sous le mandat précédent, avec la crise de 2008… La fameuse formule de « l’inversion de la courbe du chômage » était, d’ailleurs, souvent perçue sur le terrain, dans la vraie vie, chez les vrais gens, comme au mieux, une ânerie, au pire comme une propagande cynique. Il a joué, il a perdu : exit Hollande. Comme exit Sarko. Même âneries, mêmes sanctions : sortez les sortants ! Les suivants sont prévenus…

Autre échec récurrent, mais tout est lié : les exportations. J’en parle souvent.

Depuis plus de dix ans, elles sont déficitaires, faute de compétitivité / qualité/ coût de nos productions. Le diagnostic est simple. Mais rien n’est fait. En Allemagne : 700.000 entreprises exportent. En France : 150.000. Circulez ! Je compare souvent avec l’Allemagne, le meilleur de la classe. Il y en a d’autres. Mais certains ont sur l’Allemagne des raisonnements biaisés : du genre, ils ont beaucoup de pauvres avec leurs mini-jobs. Oui, sûrement, ils ont des pauvres : très précisément, 7,6 millions de pauvres au sens du seuil de pauvreté réévalué chaque année, soit 760€ par mois. La France en a à peu près pareil : 8 millions. Mais avouez que 7,6 millions sur une population totale de 85 millions d’habitants et 8 millions sur 66 millions, ce n’est pas tout à fait pareil… Idem pour les salaires. A en croire certains, ils n’auraient plus que des travailleurs pauvres. Lorsque l’on visite l’Allemagne, que l’on observe les gens, leurs maisons, leurs voitures et que l’on veut bien étudier sérieusement les chiffres, ce « jugement » n’est pas évident. Ils ont des mini-jobs payés en dessous du SMIC (SMIC qu’ils ont créé depuis quelques années), c’est évident. Mais nous aussi, on a beaucoup de travailleurs qui gagnent moins que le SMIC : tous les contrats précaires, au jour le jour, à la semaine, au mois. Enormément d’embauches à 24h / semaine (minimum légal) : donc bien en dessous du SMIC basé (pour l’instant) sur 35 heures.

Il faut faire attention avec les chiffres et les commentaires politiques…

Ce n’est quand même pas un hasard si madame Merkel a été réélue déjà 3 fois, là où d’autres ne sont plus réélus ou ne se représentent plus… Je prends d’ailleurs le pari que « Mutti », qui est candidate à un 4ème mandat, sera réélue en septembre prochain, malgré sa petite baisse de popularité. D’autant que son principal et redoutable adversaire, le SPD Martin Schulz, et actuel président du Parlement européen, vient de retirer sa candidature, offrant ainsi un boulevard à Angela Merkel, qui gouvernera sûrement à nouveau avec le SPD, en très bonne intelligence (ce que ne sait pas faire la France, coincée et bloquée dans un bipartisme rigide et immobile car conflictuel).

La moyenne salariale en France est de 1.600 € par mois (et encore pour les hommes, car pour les femmes, c’est encore 15% de moins en moyenne). La moyenne du montant des retraites en France est de 1.080 € par mois, pour les hommes (et de 750 € pour les femmes).

Qui a dit « le pays va mieux » ? Les gens ne supportent plus les autocongratulations.

Disons que « les meubles ont été sauvés », dans un contexte de mondialisation accélérée et de plus en plus concurrentielle qu’aucune élection populiste n’arrêtera. Tout irait mieux (pour les sortants-sortis) s’ils avaient eu le courage de faire plus d’Europe, et pas moins. Pour notre liberté et sécurité d’abord, pour notre économie ensuite. Car sur la croissance comme sur l’immigration, le terrorisme, l’environnement, la défense, l’espace (grâce à l’UE, on a un GPS européen et meilleur que l’américain !), rien ne sera efficace à l’échelle d’Etats-nations divisés, étriqués, minuscules (avec une planète à 9 milliards d’habitants dans 30 ans !). Rien. Ce n’est pas de la propagande europhile, c’est un fait. Le nier est mortifère. De plus en plus de gens votent pour de dangereux abrutis qui nient l’évidence. C’est grave. C’est préoccupant. Car les points de non retour peuvent être atteints plus vite qu’on ne le pense. Ceux qui promettent de « renverser la table » ou de « soulever des montagnes » feraient bien de réfléchir à deux fois. Afin de ne pas se faire élire coûte que coûte, pour rien à nouveau, ou presque. Il y a trop d’hommes politiques qui ne pensent qu’à leur élection (ou réélection). Pas assez d’hommes d’Etat qui pensent à la prochaine génération, et pas à « leur » élection. Des visionnaires, des courageux.

Depuis 2008 que je vous écris sur mon euroblog, j’ai rarement pris parti pour tel ou tel homme politique.

Cette fois-ci, je salue les engagements, propos, discours, d’un homme politique français, jeune, qui, pour la 1ère fois depuis François Mitterrand, ose reparler d’Europe en France, de sa nécessité absolue, de ses avantages, de ses valeurs. L’avenir dira si cela lui portera chance ou s’il est balayé par l’Histoire. En tout cas, je vais suivre de près ses propositions, puisqu’il pense, lui aussi, que l’Europe est la solution à toutes nos faiblesses, nos reculs, nos craintes de tout (de la mondialisation, du terrorisme, de l’étranger, du voisin). Et qu’elle n’est certainement pas le problème. Cet homme, vous l’avez deviné, c’est Emmanuel Macron. Il a fait se lever 15.000 personnes, à Paris, le 10 décembre 2016, pour applaudir son plaidoyer sincère sur l’Europe. Du jamais vu en France depuis 20 ans ! S’il peut aller au bout, je voterai donc pour lui et j’apporterai ma modeste contribution à sa victoire. Sinon, sans lui, je crains le pire, car l’Europe passera encore à la trappe, et nous garderons nos problèmes.

Et nous n’aurons pas, alors, de campagne présidentielle honnête, lucide, utile, sincère. Nous aurons encore plus de démagogie. Déjà celles de 2007 et 2012 étaient gratinées sur ce plan, et peu visionnaires. Celles de 2017 serait alors centrée sur le « tout sécuritaire », au lieu de l’économie. Les politiciens ne comprennent d’ailleurs rien ou presque à l’économie. Ils préfèrent toujours la méthode Coué, et le « y-a-qu’à-faut-qu’on ». Ces médiocrités et contre-vérités sont affligeantes.

Cette élection comme les précédentes sera fondée sur une utopie : celle d’un homme providentiel qui réglerait tout en 5 ans ! Chimère ! Et pourtant, cette élection fascine, le taux de participation électorale est toujours très élevé, et les gens se passionnent désormais même pour les Primaires.

Beaucoup de propos creux, inutiles, seront dits. Nos chers politiciens, le plus souvent sans vision, sans projets, feraient bien de méditer cette sage maxime de Pierre DAC : « s’il est bon de ne rien dire avant de parler, il est encore plus utile de réfléchir avant de penser ».

A toutes et tous, cher(e)s internautes fidèles (6.400 contacts), j’adresse mes vœux les plus chaleureux pour une excellente année 2017, pleine de santé, de joies, de paix, pour vous-même et vos proches. Et la plus européenne possible, pour traiter enfin les problèmes.