Michel Barnier : quel naufrage !
15 septembre 2021
La « Politique » est décidément un drôle de métier. Certes, il ne fait pas mettre tous les politiciens dans le même sac. Il y en a des biens, des corrects, des sincères, mais beaucoup d’autres, qui ont fait de la « Politique » leur vie, leur carrière, n’hésitent pas à utiliser toutes les armes les plus honteuses pour gagner un pouvoir, s’y maintenir ou y revenir : démagogie, manœuvres, mensonges, complotisme, et j’en passe.
Depuis quelques jours, Michel Barnier, que j’ai croisé jadis quelques fois dans des tribunes européennes, a, lui aussi, franchi le Rubicon.
Cet européen convaincu a tourné casaque en 48 heures. Je ne dois pas être le seul à être sidéré en lisant ses propos incroyables. Trahir, lui, Barnier, l’Europe à ce point, pour ne pas être élu à la présidentielle française de 2022, de toute façon ! Tout ça pour ça ?!
Ce qu’a proposé Barnier n’a pas de nom : c’est inqualifiable, abject, ignoble, mesquin.
Jugez plutôt : il a déclaré que « lui président, il donnerait à la France un bouclier constitutionnel sur l’immigration permettant de ne pas respecter les traités européens et la Convention européenne des Droits de l’Homme (CEDH).
De l’extrême-droite pur jus, quoi !
Consternant, indique de cet (ancien ?) européen patenté.
Comment ce type a-t-il pu, en quelques jours, ruiner un passé européen assez glorieux et efficace (le Brexit tout récemment encore).
Au-delà de ces propos indignes, ils sont en plus absurdes ! Car « l’Europe » n’a aucun pouvoir pour contraindre les gouvernements des Etats nations souverains en matière d’immigration.
On met en commun peu de choses dans ce domaine si sensible pour les dirigeants nationaux. On a juste harmonisé un peu les contrôles aux frontières et réparti le dépôt des demandes d’asile.
Barnier va jusqu’à menacer les droits de l’Homme, en attaquant la CEDH ! Si on le suivait sur cette folie, notons au passage que pour ce faire, il faudrait alors sortir de la constitution française et des traités de l’ONU sur les Droits de l’Homme et sortir aussi de la Convention internationale sur les réfugiés. Ubuesque ! Barnier, pire que Eric Zemour ?!
Absurde et dangereux. Car d’autres Etats membres eurosceptiques pourraient s’engager dans la brèche : la Hongrie et la Pologne sur l’indépendance des magistrats, sur l’usage du charbon ; l’Irlande et les Pays-Bas creuseraient leur particularisme fiscal ; l’Allemagne reviendrait à son équilibre budgétaire aux dépens de la solidarité.
La France sous Barnier ouvrirait la boîte de Pandore alors même que la pandémie de Covid avait resserré les liens de la solidarité entre les 27 ! Barnier mise sur une déconstruction de l’intérieur. Incompréhensible.
Peu connu en France, car « éloigné » depuis des années, il s’était créé une reconnaissance et une réputation européenne, voire internationale.
Il vient de ruiner cette notoriété, aussi ! Personne n’aime les girouettes, ou les traîtres. On n’apprécie guère les volte-face à ce point.
Barnier a dû se convaincre qu’en France, pour être élu, il fallait taper sur l’Europe. Pour environ 25% des Français, certes. Mais pas pour les 75% autres. Cela a d’ailleurs été démontré aux élections législatives européennes de 2019 : + 8,5% de participation des Français (même score pour les 27 Etats d’ailleurs) et + 8% aussi pour les eurodéputés de partis pro-européens, voire très europhiles ! Le Parlement européen n’a d’ailleurs jamais été aussi européen et efficace. De plus, la hausse de la participation est due principalement à une plus grande mobilisation des Jeunes, ce qui est encourageant pour l’avenir de l’Europe.
La cerise sur le gâteau a été sa phrase : le problème vient de la primauté du droit communautaire sur le droit national des Etats membres. C’est-à-dire le pilier juridique absolu de toute la construction européenne depuis le début. L’essence même du fonctionnement de l’Union. Bref, comme il ne pourrait jamais convaincre les autres Etats membres, il songerait donc à un « Frexit », alors ?
Si la France ne convainc pas les autres, c’est donc elle qui devra quitter l’Union ? Décidément, le pouvoir rend fou ce type de politiciens. Dans cette quête avide et folle, ils ne reculent devant rien, jusqu’à se renier eux-mêmes !
Non, monsieur Barnier, votre entreprise absurde et démagogique ne pourra aboutir. Il n’y aura pas de Frexit. Même Le Pen l’a compris. Vous ne deviendrez pas un « petit Trump », ou Nigel Farage, voire un Boris Johnson.
C’est vous qui sortirez de l’Histoire. Et par une petite porte, sans doute.