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Quelques espoirs européens ?

Cher(e)s Internautes,

Au moment de partir en vacances, mon « dernier mot européen » avant la reprise estivale sera pour vous.

Comme les années précédentes à pareille époque, un petit bilan sur l’état de l’Union et quelques perspectives. Quelques bonnes nouvelles, quand même.

Pour la première fois de son histoire, merci au Traité de Lisbonne, les élections européennes ont une traduction concrète sur le plan politique et de la gouvernance, avec la désignation par le Conseil européen et l’élection par le Parlement européen, du candidat à la Commission issu du groupe politique arrivé en tête le 25 mai 2014, à savoir Jean-Claude Juncker (PPE).

Pour la première fois depuis longtemps, la hausse régulière de l’abstention aux Européennes a été stoppée, et a même régressé. Et ce sans qu’il y ait, comme d’habitude, de véritable campagne électorale, avec des vrais débats, de fond. Surtout en France, où l’on continue à penser, à tort, qu’un député national a plus de poids qu’un député européen !

La troisième bonne nouvelle est que plus que jamais le troisième parlement démocratique du monde va travailler dans le consensus, aucun parti européen n’ayant à lui seul la majorité absolu. Les lois européennes seront votés, plus que jamais, par des majorités consensuelles ((PPE – S&D – les Verts – ADLE), ce qui me paraît être le summum de la tolérance, de la tempérance, du vivre et construire ensemble, bref, de la démocratie Ce que l’on ignore superbement en France, dans ce climat permanent et auto-entretenu de clivage gauche / droite, de « guerre civile », où l’on prétend avoir toujours raison sur « l’autre ». Absurde Puissent les eurodéputés français transmettre cette sagesse, ce pragmatisme et surtout cette efficacité à leur collègues du Parlement français ! Ce qui, apparemment, ne leur réussit pas si mal

Par ailleurs, le Parlement a réélu, en toute logique, Martin Schulz, le challenger malheureux de Jean-Claude Juncker, à la Présidence du Parlement, même s’il n’a fait que 409 voix, le plein des voix de l’alliance PPE-S&D et libéraux.

Enfin, le Parlement européen a, certes, vu une augmentation spectaculaire, du fait de 5 pays, dont la France (24 députés sur 74 !) surtout, de députés d’extrême-droite donc europhobes par essence. Une soixantaine en tout (sur 751). Mais heureusement, leur nationalisme est tel qu’ils arrivent à se haïr entre eux et ne peuvent s’allier. UKIP par exemple a refusé de s’allier avec le FN, le jugeant raciste et xénophobe ! Il y a donc extrême… et extrême ?! Tant mieux. Donc pas de groupe d’extrême droite constitué (un groupe parlementaire exige des députés de 7 pays, soit ¼ des pays du Parlement). Donc moins de subventions, de postes dans les commissions, au Parlement etc. C’est déjà ça ! Ceci dit, la première motivation de ces europhobes assumés est de jouer les abonnés absents, et de faire de la « comm » pour dénigrer tout ce que fait l’UE, sans pouvoir vraiment la détricoter. Ils assument pleinement leur « emploi fictif », mais pas au point de renoncer à leur traitement de 7.200 € par mois… Leur pouvoir de nuisance est davantage, à mon sens, au sein même des 5 Etats dans lesquels ils ont fait une percée spectaculaire, France en tête. Car ils contribuent à droitiser encore un peu ces pays faibles, endettés, sans possibilité de restaurer leurs finances comme leur économie. Ils surfent donc sur les mécontentements populaires, de gens en détresse, sans emploi, et ayant peur du lendemain.

Quand les gouvernants du moment échouent à peu près tout ce qu’ils touchent, ils se mettent à leur tour à sombrer dans une gouvernance « d’opinion », jouant de la « comm » à leur tour, à outrance, dans une posture presque aussi radicale que les thèses défendues par ces partis extrêmes qu’ils combattent. C’est cela qui devient préoccupant et dangereux. Ils perdent leurs propres idées, valeurs, pour récupérer des voix partout, pour « ratisser large », y compris aux extrêmes. Le cas de la France depuis 10-15 ans est édifiant à cet égard. Chirac avait commencé. Sarkozy a embrayé. Hollande reprend ces recettes grossières, qui ne fait que légitimer un peu plus les extrémistes de droite (et parfois aussi de gauche, d’ailleurs) : haro sur l’euro ; haro sur les immigrés, haro sur les entreprises, es produits étrangers (A. Montebourg). Haro sur la mondialisation. Et, bien sûr, haro sur le bouc émissaire récurrent, idéal : l’Europe (toujours Montebourg, le parfait porte-voix pour l’extrémisme assumé). Haro sur l’Europe, et sur la BCE. Si la France échoue tant sur l’économie, l’emploi, le social, c’est désormais la faute de l’Europe. Ben voyons ! Ils inversent l’analyse : « l’Europe est le problème de la France » ! Quel culot ! Quelle indécence ! Quelle arrogance ! Alors que, de plus en plus, la triste réalité apparaît aux yeux de tous : les deux pays malades de l’Europe et qui sont bel et bien le problème de l’Europe sont, sur le plan institutionnel et politique, el Royaume-Uni (qui promet un référendum de sortie de l’UE, en 2017, même si… je demande à voir), et sur le plan économique et budgétaire, la France, qui veut réorienter l’Europe, comme si toute l’UE était dans notre situation. Mais qui aura le courage de l’admettre ? De dénoncer de telles démagogies ? En plus une telle dérive est totalement contreproductive : à l’extérieur, le repli identitaire et des politiques menées feront fuir les investisseurs et les marchés étrangers, or nous en avons besoin pour investir et faire grandir nos entreprises ; à l’intérieur, ils ne récupéreront pas les voix perdues et conforteront les extrêmes ! Et en prime, le nationalisme économique entraîne des réactions symétriques des autres Etats !! Dans ce suicide français face à la mondialisation irréversible et face à l’UE, la France pourrait continuer à perdre de l’influence au sein des instances européennes. Côté Parlement, elle a certes obtenu quelques présidences et vice-présidences de commissions ou de groupes parlementaires (elle a quand même 74 députés, soit 1/10ème du Parlement). Elle a même une vice-présidence du Parlement européen en la personne de Sylvie Guillaume, eurodéputée S&D (circonscription Sud-Est) compétente et plutôt active (eh oui, il y a quand même des eurodéputés français qui travaillent).

D’ici quelques semaines, on mesurera aussi le « poids » de la France par la désignation de « son » poste de commissaire européen, en remplacement de Michel Barnier qui n’a pas démérité et a lancé, en outre, l’Union bancaire. L’Elysée a en effet proposé officiellement, au Président Jean-Claude Juncker, Pierre Moscovici, l’ancien ministre français de l’économie et des finances, pour un poste important de Commissaire aux Affaires économiques.

Je m’attarderai donc un peu sur la nomination de Jean-Claude Juncker, que les Français connaissent mal, et celle du futur commissaire (français ?) aux affaires économiques.

Jean-Claude Juncker est donc le nouveau président de la Commission européenne, à 59 ans. Ce n’est pas en soi une surprise, car Juncker était le candidat du PPE (parti populaire européen), parti qui est arrivé en tête aux dernières élections européenne. Il est quand même agréable de constater que les Chefs d’Etat et de gouvernement n’ont pas voulu remettre en cause le dispositif du Traité de Lisbonne qui prévoyait que la Commission européenne aurait un président de la même couleur politique que la majorité au Parlement européen. Et c’est aussi la première fois que ces mêmes chefs d’Etat et de gouvernement n’ont pas pu imposer leur candidat, qui était généralement le moins subversif possible pour eux.

Jean-Claude Juncker n’est pas un novice en matière européenne. Il a été plusieurs fois Premier ministre et ministre de l’économie et des finances de son pays, le Luxembourg. Il a surtout été, à partir de 2005, président de l’eurogroupe, après avoir été un artisan du Traité de Maastricht et de l’Union économique et monétaire. Un homme donc, au fait des questions européennes, et en particulier des questions économiques et monétaires, ce dont l’Europe a particulièrement besoin en ce moment. Un homme très européen, très bon négociateur. Enfin !

Dans le grand oral passé devant le Parlement européen, Jean-Claude Juncker a présenté ce qui sera son programme, intitulé « agenda pour la croissance, l’emploi, la justice et le changement climatique », dans la droite ligne de ses préoccupations Un programme ambitieux vite appelé par les commentateurs, « le new deal de Jean-Claude Juncker ».

Il a même eu une expression forte « les chômeurs sont le 29ème Etat membre de l’Union européenne ». On espère que cela traduira, enfin, la volonté de mener une vraie politique, européenne, de l’emploi.

Mais surtout, il a fait l’annonce d’un plan de relance de 300 milliards d’euros sur 3 ans. De quoi prévoir bien des investissements. Sauf que… petit problème. Il ne peut s’agir de 300 milliards nouveaux à injecter dans le budget de l’UE (qui est de 142 milliards par an), mais il s’agit de redistribution, plus efficiente, des fonds structurels, fonds déjà budgétisés… Effet d’annonce donc. D’autant plus que les fonds structurels ont été mis en place pour renforcer la cohésion et réduire les écarts entre territoires, et pas pour relancer la croissance, en tout cas à court terme. Je le dis depuis longtemps, pour sortir les 5 ou 6 Etats malades, dont la France, écrasé par leur dette, et sans argent pour investir dans une crise longue et destructrice d’emplois, il faut injecter, à l’échelle européenne, 5.000 milliards d’€ - pas 300 milliards. Donc il faut des ressources propres pour un budget de l’UE conséquent.

En fin de compte, la marge de manœuvre du nouveau président de la Commission reste étroite, et dépend, aussi, surtout, de la capacité des Etats membres à se réformer structurellement, à investir dans l’innovation et la recherche… Toute la question est de savoir si Jean-Claude Juncker saura entrainer, vers l’intégration européenne, ses anciens collègues Chefs d’Etat, partisans, eux, de mesures frileuses et tirant souvent la couverture vers leurs intérêts électoraux.

Jean-Claude Juncker ara donc tout l’été pour constituer sa Commission. Ne préjugeons rien, mais pour l’heure, le nombre de femmes pressenties est loin de la parité. La faute aux Etats bien sûr, car c’est eux qui proposent leur candidat (1 par Etat membre). Il y avait 9 femmes sur 28, dans la Commission Barroso. Il en faudrait au moins 10 dans la Commission Juncker, qui fait pression sur les Etats pour qu’ils en proposent. Il serait même prêt) repousser encore la composition de la Commission jusqu’au 30 août, date du prochain Conseil européen ! Les candidats devront, après acceptation, passer leur grand-oral devant le Parlement européen, bien sûr. C’est lui qui vote (ou pas…). Les grandes manœuvres ont bien sûr commencé depuis deux mois, et se poursuivront tout l’été. Pour le poste des affaires étrangères (remplacement de madame Catherine Ashton), l’Italie s’est positionnée depuis le début. Cela ne semble pas lui échapper. Pour le poste de commissaire aux affaires économiques et financières, il y a 3 grands pays sur le « marché » : Allemagne, France et Royaume-Uni. Pour la France, Pierre Moscovici, « remercié » de son poste de Ministre de l’économie et des finances au remaniement ministériel de mars (après la claque des municipales) est donc le candidat officiellement proposé par la France. Exit donc les deux autres candidats, Elisabeth Guigou et Pervenche Bérès, alors même qu’il y a fort peu de candidates femmes proposées par les Etats membres, qui par ailleurs prônent tous les jours la parité !

Décidément, la France est championne pour recaser ceux qui sont recalés quelque part : Harlem Désir passant du PS au Ministère des Affaires européennes ; Pierre Moscovici passant de Bercy à un poste de commissaire européen. Décidément ! … On les recase, ou on les exile. C’est comme pour les candidats au Parlement européen.

Pour le cas de Pierre Moscovici, il y aurait un petit problème. Plusieurs Etats membres sont réservés, à commencer par l’Allemagne, en la personne – excusez du peu, de Wolfgang Schaüble, le puissant Ministre des finances. Comment, en effet, donner le poste à un pays en déficit excessif, qui peine à se réformer structurellement, qui ne diminue pas son endettement public, qui a été dégradé deux fois par les agences de notation, qui a obtenu un délai de deux ans pour rentrer dans les « clous » du déficit et de l’endettement, mais qui ne satisfera toujours pas dans les délais et qui, cerise sur le gâteau, est placée sous « surveillance renforcée » par la Commission européenne ? Quel crédit a la France de proposer d’avoir le poste de la surveillance macro-économique et de la discipline budgétaire, à l’homme qui a tenté, sans réussir, de mettre en place une politique, depuis deux ans, de … réduction des déficits et des réformes ? N’est-ce pas être un peu … juge et partie ? Beaucoup sont sceptiques. D’autres, à l’inverse, à gauche, craignent une surenchère de la part de Moscovici qui voudra « acheter sa crédibilité, en se montrant plus catholique que le Pape » (Philippe Lamberts, successeur de Dany Cohn-Bendit, à la présidence du groupe des Verts). Bref, ce n’est pas gagné. D’autant que, en plus, Pierre Moscovici n’a pas mis les pieds au Parlement européen durant son séjour à Bercy ! Je pense que Moscovici héritera bien du poste de commissaire. Mais…. quel poste ?

Je pense qu’à la fin de l’été on appréciera le talent de fin négociateur (manœuvrier) de JC. Juncker. Les bruits courent déjà qu’il va jouer serré et réformer le poste de commissaire à l’économie si stratégique. En le scindant, par exemple. En lui retirant la surveillance budgétaire (les fameux critères et la validation, à l’automne, par la Commission des projets de budget 2015 de chaque Etat membre de la zone euro). Mais en lui confiant les enjeux macroéconomiques, les investissements pour la croissance, voire les services financiers, donc le grand chantier, majeur, de l’Union bancaire, qui est un (petit) pas de plus vers le fédéralisme. Dans ce poste sur mesure, on retrouverait le plan Juncker de 300 milliards sur 3 ans dont je vous parlais ci-dessus. Plan très insuffisant pour relancer vraiment la croissance. On verra bien fin août ou à l’automne. Au-delà du poste de Pierre Moscovici, pensons plutôt à l’avenir de l’UE, avec cette nouvelle mandature de 5 ans.

Je finirai d’ailleurs sur les ambitions pour l’UE du nouveau Président de la Commission que je pense réelles et sincères.

Mais combien aura-t-il de divisions ? De budgets ? Saura-t-il s’imposer aux chefs d’Etat et de gouvernements, comme jadis Walter Hallstein, le tout premier président de la Commission, et, il y a vingt ans, un certain Jacques Delors ? Saura-t-il réduire cet intergouvernementalisme effréné, renforcé depuis la crise financière de 2008 devant une commission trop faible politiquement et un Parlement qui n’a pas encore pris toute la mesure de son pouvoir croissant ? Pourra-t-il faire évoluer l’Europe vers un vrai fédéralisme à tous les étages, seul moyen, en mutualisant dettes et ressources, de nous en sortir face aux géants du monde sans nous concurrencer entre nous ?

Et ce dans un climat dangereux – et auto entretenu par des dirigeants apeurés et démagogues – de repli des esprits et des territoires. Les Etats-membres sont déjà des espaces trop étriqués et condamnés à terme, et d’aucuns voudraient en fabriquer de minuscules en « décrochant » leur région (Ecosse, Catalogne, Flandres…). Navrant et dangereux. Même si on peut comprendre que le chômage de masse de quelques Etats du Sud, durable, est insupportable, et réveille le sentiment nationaliste et identitaire. L’Histoire est pleine d’exemples, dont certains ont terminé en tragédie.

Souhaitons que le binôme Juncker / Schulz, motivé, compétent, fonctionne et redonne un élan, du souffle à cette Europe à la croisée des chemins. A la place de nos dirigeants actuels, tétanisés, qui passeront, certes mais pour passer le flambeau à qui ? A encore pire ? … Les prévisions macro-économiques sont éloquentes : pour les dix prochaines années, on attend 1% de croissance dans la zone euro. C’est une moyenne : 0,1% à 0,2% pour les plus fragiles (ex : la France, 0,2%) ; et donc 2% pour d’autres, réformés. C’est le cas actuel de l’Allemagne. Sur dix ans, ailleurs, on retrouve une prévision de croissance à 2% au Royaume-Uni, 3% aux Etats-Unis, 4 % en Asie, 5 % en Afrique.

Je l’ai souvent répété, nous autres Européens, « riches et gavés », ne faisons donc plus beaucoup de « croissance ». Ce qui, soi-dit en passant, est meilleur pour la préservation de la planète (si cela n’est pas déjà trop tard…). Mais le paradoxe, c’est qu’au sein même de l’UE, et donc de la zone euro, nous sommes – de plus en plus – inégaux. Même avec 1% de croissance, la France ne pourrait pas, de toute façon, créer des emplois si elle ne se réforme pas sur le coût du travail, la réforme du Code du travail, la mobilité des demandeurs d’emplois, l’apprentissage massif de ses jeunes, la stabilité fiscale, l’accueil des capitaux et actionnaires étrangers pour notre propre développement. Je parle de vraies réformes, insuffisantes depuis 15 ans, et qu’on va « payer » de plus en plus cher, face à un monde qui prospère de plus en plus vite. Plein de discours incantatoires depuis des lustres, des plans merveilleux, des belles annonces… qui restent en plan !

D’autres pays de l’UE et de la zone euro, au contraire, avec ce même 1% de croissance, créent de l’emploi, et ont moins de 5% de chômage (Allemagne, Autriche, Pays-Bas…). On constate. Tout le monde le sait. Et rien ne bouge.

Alors, il est tellement facile, et tentant, pour les uns, de désigner le bouc-émissaire idéal : l’Europe. L’Europe ? Bien sûr ! Suis-je bête !

Mais ne nous décourageons pas ! Nos pays sont (encore) démocratiques. Echangeons, débattons, expliquons, et essayons de convaincre, que l’Europe intégrée est vraiment la solution, pour ce XXIème siècle agité !

Et sachons convaincre, raisonner, les deux ou trois Etats qui décrochent, ou sont le « problème ».

Passez un bel été.

Bonnes vacances à ceux qui partent. Bon courage à ceux qui reviennent.

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