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Bilan 2015 et perspectives 2016 de l’Union européenne. Des atouts et des inquiétudes

8 ans déjà que cet euroblog existe. Je vous fais partager, régulièrement, mes analyses économiques et européennes, ainsi que mes humeurs.
Le moment est donc venu de revenir, en ce début d’année, sur les questions économiques, financières, budgétaires de ces derniers mois, et sur les perspectives 2016. J’ai bien sûr dû faire des choix en privilégiant des thématiques très diverses. Tout d’abord, la croissance et la dette publique de la zone euro, qui s’améliore, mais avec des disparités prononcées ; puis la question du chômage en Europe, très contrasté aussi ; le thème suivant portera sur la FED et l’Europe ; et enfin on s’intéressera au feuilleton du « Brexit » et à ses chantages provocateurs.

* Croissance et Dette publique dans la zone euro.
La situation économique de l’Union européenne s’améliore.
La dette publique a baissé et ne représente plus « que » 87,8% du PIB de l’Union européenne, et 92,2% du PIB dans la zone euro. Une baisse lente, mais régulière depuis plusieurs trimestres. Je rappelle tout de même que le ratio dette/PIB est toujours de 60%, nous sommes donc encore loin du compte… Pour certains pays, comme l’Irlande, les Pays-Bas ou la Croatie, le désendettement se poursuit à grand pas. Même pour la Grèce, même si son niveau de départ est tellement élevé, que les effets seront durablement plus lents.
Dans quelques pays, dont la France, la dette publique (dite « souveraine ») est une facilité des gouvernants depuis des décennies, à des fins le plus souvent électorales, et qui consiste à dépenser plus que ce qu’un pays ne produit, et qui se mesure par le produit intérieur brut (PIB). Pour plusieurs pays de la zone euro, le phénomène s’est amplifié, car l’euro, monnaie stable et solide, a protégé (trop ?) les Etats dépensiers qui, s’ils avaient conservé leur monnaie nationale fragile, auraient dû dévaluer plusieurs fois et donc fait perdre à tous du pouvoir d’achat. L’euro a fait office d’anesthésiant, masquant les turpitudes ou les incuries des politiques publiques à l’égard de dettes qui ne cessent d’enfler, et plomberont durablement des générations entières.
Le déficit public lui aussi se réduit pour atteindre 3% dans la zone euro et 2,6% dans l’Union européenne. C’est-à-dire dans la norme des 3% requis ! Certains pays accusent même un excédent public. C’est le cas du Danemark (1,5%du PIB), de l’Estonie (0,7%) et surtout de l’Allemagne (0,3%). Parmi les mauvais élèves on trouve, toujours, devrais-je dire, les mêmes pays : Chypre (8,9% du PIB), le Portugal (7,2%), l’Espagne (5,8%), le Royaume-Uni (5,7% … eh oui, le modèle britannique n’est pas aussi parfait que d’aucuns l’imaginent) et la France (3,9%). La Grèce est meilleure élève que nous, avec un déficit public de 3,6%, résultat, enfin, des réformes entreprises. Tout arrive !
Certains pays résistent mieux que d’autres, et ont une vraie croissance : l’Espagne, qui, au prix d’efforts importants, de réformes du droit du travail, de restructurations, est en train de renverser la tendance et de repartir : le tourisme (favorisé par l’insécurité du pourtour méditerranéen) et les exportations l’aident, mais aussi la consommation intérieure, avec plus de 540.000 emplois nets créés en 1 an ! Vous avez bien entendu : 540.000 emplois nets créés en un an. Avec elle, la Pologne, la Slovaquie, la Roumanie et la Bulgarie ont une croissance supérieure à 1%.
Des pays restent fragilisés comme le Portugal, les Pays-Bas, la Finlande, et naturellement la Grèce. Pour le Portugal et la Grèce, le secteur du tourisme reste un atout, et permet d’enrayer la chute. Mais cela ne suffira pas, si les exportations ne reprennent pas (encore faut-il avoir un secteur exportateur, ce qui reste un problème de fond pour la Grèce, et dans une moindre mesure le Portugal), et si les réformes en profondeur tardent à venir. Il a également un problème sérieux en Grèce pour la réforme des retraites. On peut donc craindre que les problèmes grecs reviennent tôt ou tard sur le devant de la scène européenne.
Et la France ? Faute de réformes en profondeur, elle reste en demi-teinte avec un peu plus de 1% de croissance en 2015, insuffisant pour créer de l’emploi. Seule la dette s’améliore, car ça baisse légèrement. Si, si ! Cette fois c’est vrai ! Là, la courbe s’inverse ! L’année 2015 s’est terminée avec une dette égale à 97,3% du PIB, contre 97,8% auparavant. On fait ce qu’on peut. A la française. C’est-à-dire lentement. Objectif 2016 : descendre à 96,8%, soit ½ point de moins qu’en 2015. Qui va piano va sano ! A ce train là, le taux de 60% du PIB sera atteint en…2086 ! La Commission et les Etats membres sont priés d’être patients !
Au total, fin 2015, la dette publique française est de 2.103 milliards €. Une dette dont la hausse ralentit un peu, mais qui reste détenue par + de 60% de créances étrangères, ce qui nous interdit de faire n’importe quoi. Je pense aux programmes débiles et extrêmes de certains partis politiques qui prêchent leurs « solutions » mortifères, sortie de l’euro et fermeture des frontières, qui nous amèneraient rapidement un effondrement des exportations, une augmentation des taux d’intérêts et donc du coût de remboursement de la dette. Bref, un effondrement de l’économie et du pouvoir d’achat des Français.
2.103 milliards d’€ de dettes, que les prochaines générations devront rembourser, avec peut-être un euro durablement faible (à parité avec le dollar), donc ça nous fera plus mal à rembourser… Demandez donc à l’ancien président du Conseil Général du Rhône, qui avait emprunté en franc suisse. Or, depuis, le franc suisse s’est bien revalorisé par rapport à l’euro. Donc le contribuable rhodanien paiera plus d’impôts !
Mais si la dette de la France continue à baisser sur cette tendance, on se rapprochera des recommandations fixées par la Commission européenne. C’est déjà ça !
Globalement, la zone euro est en bonne voie et revient peu à peu à son niveau économique de 2010, mais est freinée par les trainards…
En outre l’UE et la zone euro dépendent, comme toujours, de l’environnement international, compte tenu de l’accélération de la mondialisation. Or, à cet égard, ce début d’année pointe quelques inquiétudes ou risques à venir : une baisse significative de la croissance en Chine et dans les BRIC’s, et le relèvement des taux d’intérêt de la FED sujets sur lesquels je reviendrai dans ce billet.

* le taux de chômage en Europe

Un peu comme l’Arlésienne de la chanson, la baisse du taux de chômage revient, régulièrement, dans le débat politique intérieur français, et on nous promet, depuis plus de 30 ans, des lendemains qui baissent, des inversions de courbe et autres gageure.
Pourquoi ne pas prendre de la hauteur, et voir ce qui se passe chez nos voisins européens ?
Dans l’Union européenne, prise dans sa globalité, on assiste à une très bonne nouvelle. Ces derniers mois ont vu le chômage baisser et atteindre son niveau le plus bas depuis septembre 2009, c’est-à-dire depuis le début de la crise financière et économique. Le taux de chômage termine l’année à 10,5% dans la zone euro, et à 9,1% dans l’UE28, soit 22, 16 millions d’hommes et de femmes au chômage dans l’UE28, et dont 17 millions dans la zone euro. Comparé à fin 2014, le chômage a baissé de 2,146 millions de personnes dans l’UE28, et de 1,573 million dans la zone euro. Enfin, la crise semble être derrière nous.
Naturellement, ce chiffre général cache des réalités nationales très diverses.
Il y a des Etats où le taux de chômage reste bas, même très bas : l’Allemagne qui continue à être le bon élève, avec un taux de 4,5% ; mais aussi la République tchèque (4,6%), Malte (5,1%), le Royaume-Uni (5,4%), l’Autriche (5,8%). En tout 12 pays, sur 28, ont un taux de chômage inférieur à 7%, la moitié appartenant par ailleurs à la zone euro, qui représente 19 pays sur 28. Cela confirme, une fois de plus, qu’il n’y a aucune corrélation entre la monnaie, l’euro, et le chômage, malgré ce que peuvent en dire certains extrémistes de tout poil. 8 pays ont un taux de chômage supérieur à 10%, dont la Slovaquie, puis la France, l’Italie, le Portugal, et enfin les deux pays les plus durement touchés : la Grèce avec 24,6% et l’Espagne avec 21,4%. Les baisses les plus marqués ont été en Espagne, de 23,7% à 21,4%, en Italie, de 13,1% à 11,3%, et en Bulgarie, de 10,6% à 8,8%.
Là aussi, ces chiffres cachent des réalités différentes.
La France a un chômage persistant, qui dure….depuis des décennies. Aucune politique de l’emploi ne semble en venir à bout, malgré les emplois d’avenir et les contrats de génération aujourd’hui, les emplois jeunes hier et autres TUC. Parce que nous avons un chômage structurel, avec une économie atone et des rigidités dans le marché du travail. Sans croissance, peu de chances de renverser la situation. Pour baisser durablement le taux de chômage dans notre pays, il faudrait à la fois plus de croissance, plus de réformes, et un changement de mentalités. C’est beaucoup. Et il faudrait surtout beaucoup de courage politique pour faire tout cela. Rappelons que ce sont les entreprises qui créent des emplois, si elles ont un carnet de commandes bien rempli. Les emplois publics aidés (contrats aidés, emplois d’avenir, contrats de génération) sont socialement utiles, mais ne peuvent évidemment à eux seuls éradiquer le chômage.
Dans d’autres pays, la situation est, paradoxalement plus favorable. Exemple de l’Espagne qui est en train de vivre une sorte de miracle économique. Après 4 années de politique drastique de réformes et d’économie, l’Espagne a fait en 2015 3,4% de croissance, oui, 3,4% de croissance ! Et a une prévision de 2,5% de croissance pour 2016. Le chômage reste certes élevé, surtout celui des jeunes, mais il a commencé à baisser. L’Espagne a renoué avec la création nette d’emplois. La courbe s’est inversée, pour de vrai là, et suffisamment pour que son impact sur la société se voit sous peu.
Reste le vrai problème du chômage dans tous les pays : il touche principalement les jeunes. Fin 2015, globalement, 4,553 millions de jeunes de moins de 25 ans étaient au chômage dans l’UE28, dont 3,167 millions dans la zone euro. Mais en un an, le nombre de jeunes chômeurs a diminué de 412.000 dans l’UE28 et de 163.000 dans la zone euro, pour s’établir à un taux de 20% dans l’UE28 et à 22,5% dans la zone euro. Ces chiffres cachent des situations très contrastée selon les pays : 7% en Allemagne, 9,9% au Danemark, 10,9% en Autriche. Mais 20% en France, 38,1% en Italie, 45,1% en Croatie, 47,5% en Espagne, 49,5% en Grèce.
Les politiques devraient être moins démago et plus courageux dans leurs politiques, au moins pour les jeunes, c’est-à-dire pour l’avenir de leur pays.
L’UE existe et fait beaucoup de choses positives. On a l’euro, une monnaie partagée par 330 millions d’Européens, qui nous protège. Pourquoi quelques Etats, dont le nôtre, continuent-ils à ne rien faire, ou pas assez, pour le chômage de leurs enfants ? La question de fond, à travers l’alternative entre l’emploi OU le social reste posée. La France, par exemple, a toujours privilégié le social à l’emploi. Avec 10% de chômage, et de plus en plus de chômeurs de longue durée, elle crée de la précarité (8 millions de précaires en France, dont le revenu est inférieur à 745 € par mois). Résultat, elle n’a ni l’emploi, ni le social pour tous. Et c’est de pire en pire depuis 3 décennies, malgré les propagandes des uns et des autres. Même depuis 2012, le chômage a continue d’augmenter globalement. Les chiffres sont là, et toutes vérités est bonne à dire. Il a certes baissé un peu de 0,4% (-15.000) depuis septembre 2015 sur la catégorie A (c’est-à-dire des personnes sans aucun emploi, ni stage, ni formation). Cette catégorie reste donc quand même à 3.574.800… Mais, si l’on regarde les 3 catégories A, B et C concernant le comptage de tous les chômeurs, il a en fait augmenté de 20.000 personnes supplémentaires sur les B et C (c’est-à-dire des personnes qui travaillent à temps partiel, souvent des petits boulots, ou qui sont en formation ou en stage). Et sur 2015, il y aura donc eu au total plus 2,5% de chômeurs, soit un peu plus de 90.000 chômeurs supplémentaires. Le bilan du mandat de 5 ans de Nicolas Sarkozy aura été de 700.000 chômeurs de plus. Et depuis mai 2012, le bilan de François Hollande, en 3 ans et demi, est déjà de 700.000 chômeurs de plus.
Bref, le problème reste entier : la France n’arrive toujours pas à se réformer structurellement et donc sa croissance reste insuffisante faute d’investissements conséquents pour créer massivement des emplois. Et comment se mettrait-elle maintenant, à 16 mois de la Présidentielle, à réformer quoique ce soit ? Et ce n’est pas le plan annoncé depuis le début de l’année, de former 500.000 chômeurs et de relancer l’investissement, qui renversa rapidement la tendance.

* la FED et l’Europe
En économie, il y a toujours des facteurs endogènes, mais aussi exogènes, surtout dans une économie mondialisée, et qui le sera de plus en plus. Toute décision ou évènement important a plus ou moins vite des répercussions mondiales, qu’on le veuille ou non ! Par exemple, les incertitudes de la croissance chinoise, voire américaine, donc mondiale…
Prenons l’exemple de la France. La croissance en France de 1,1 voire 1,2% en 2015 est due à la baisse du coût du pétrole, à des taux d’intérêt extrêmement bas, et à la baisse de l’euro grâce à des politiques monétaires intelligentes de Mario DRAGHI, le président de la Banque Centrale Européenne. La conjugaison de ces trois facteurs majeurs, c’est ce que les économistes appellent « l’alignement des planètes ».
Mais si on regarde de plus prêt, l’économie française repart, en fait, grâce, essentiellement, au développement des services, de la grande distribution, de la reprise de l’immobilier et de l’automobile. L’industrie continue à n’y contribuer que faiblement, et sans réussir à atteindre son niveau de 2011. Enfin, pas de reprise d’investissement dans notre pays, ce qui n’aide pas beaucoup à une croissance à moyen terme. Et pourtant, la France aurait pu, avec des politiques d’investissement sérieuses, bénéficier, comme d’autres pays de la zone euro, de l’opportunité majeure que sont la baisse de l’euro, la baisse des coûts des matières premières (pétrole en tête), et des taux d’intérêt historiquement bas.
Un mot, à cet égard, sur les coûts de matières premières. Ils continuent, depuis plus d’un an, à baisser. Et même le coût du baril de pétrole s’effondre littéralement à 35 $ le baril, ce qui impacte l’économie mondiale, au-delà des producteurs de pétrole. Car une telle chute du prix du pétrole entraine la baisse de la croissance des pays émergents producteurs, ce qui provoque une baisse des exportations en direction de ces pays. Du coup, engrenage évident, et certainement inquiétant, les autres pays sont touchés, et c’est la consommation mondiale qui va baisser. C’est certes bon pour l’environnement, mais ce sera mauvais pour la croissance de l’Europe, des Etats-Unis, etc. Plus que jamais, le monde est une addition de 195 pays de plus en plus interdépendants les uns des autres. Un exemple éloquent : le Brésil qui avait, il y a peu de temps, une croissance très enviable et qui termine l’année à…. - 3,4%. Le Brésil a donc moins d’argent, donc nous achète moins, ce qui n’arrange pas nos affaires. Et cette gangrène se transmettra à d’autres pays, et ainsi de suite. Les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et South Africa) et d’autres ne sont plus des moteurs. La Chine, qui était sur des croissances incroyables de 10, 11, voire 12% depuis des années, « régresse » à 7%, soit son niveau le plus bas depuis 2009 ! Ceci affole immédiatement les bourses de la zone. Et c’est là un réel danger de ce début d’année, avec l’effondrement de grandes bourses asiatiques, principalement celles de Shangaï et Schenzhen qui ont dévissé de – 7%, puis ont fermé un temps, entrainant dans leurs chutes, certes dans une moindre mesure, les bourses européennes et américaines. Il est difficile, en ce moment, de prédire l’avenir : feu de paille ? Alerte sérieuse ? Ou effondrement à venir ?
Dans ce contexte général de turbulences, un autre événement tout aussi majeur a pu passer inaperçu, qui va sûrement avoir des conséquences importantes dans les mois à venir. Car on sait que les décisions économiques et financières ont un impact à plusieurs mois. Ainsi la FED (c’est-à-dire la banque centrale des Etats-Unis, qui gère le dollar) a augmenté ses taux d’intérêts, qui étaient jusqu’alors historiquement bas, depuis 7 ans, voire même, parfois, négatifs. La FED a donc décidé de les augmenter tous les trimestres, de façon graduelle. C’est de bonne guerre, la FED est très souvent à contre-courant des politiques monétaires de la BCE, et ce depuis que l’euro existe ! La FED pilote la première monnaie mondiale, et donc, au nom de cette suprématie, elle a le privilège de tirer la première, d’anticiper des stratégies parfois osées. Privilège que de détenir la monnaie la plus forte du monde, qui représente 62% des réserves mondiales. Cela donne des droits. Cela donne aussi des responsabilités, voire des devoirs, comme celui de relancer la croissance, donc les investissements, par une politique monétaire ou de change accommodante, en faisant chuter le dollar pour doper ses exportations, en créant de l’inflation pour atténuer ses dettes abyssales, tout en veillant à ne pas « étrangler » ses concurrents (Europe, Asie) qui sont aussi ses clients. Et la zone euro, elle, qui possède la deuxième monnaie du monde, est souvent décalée dans le temps, car son cycle économique est décalé. Par exemple, la crise née en 2007 aux Etats-Unis arrive en Europe en 2008/2009, donc l’Amérique en sort avant nous d’autant qu’elle, elle est fédérale, elle peut donc conjuguer et coordonner ses efforts entre Trésor, banque centrale (FED) et un budget fédéral. Tandis que nous, nous avons bien une banque centrale, qui agit vite et bien, mais nous avons 19 budgets (zone €) et 19 Trésors disparates. D’où des négociations, des palabres, des attentes.. Cycle et contra-cycle, nous sommes donc souvent décalés par rapport à la réactivité de la FED, qui mène le bal.
Conséquence prévisible de la décision de la FED : la Banque Centrale Européenne devra tôt ou tard, pour contrer la politique de la FED et donc l’inéluctable hausse du dollar, s’aligner en pratiquant, à son tour, une augmentation progressive de nos propres taux d’intérêt, donc du coût de nos emprunts, pour nous particuliers, entrepreneurs ou collectivités territoriales. De l’argent qui coûte plus cher, cela pourrait freiner, un peu, les investissements, dans les entreprises, mais aussi pour l’achat d’un logement, d’une voiture etc.
Si par ailleurs, cet argent plus cher se combine avec une augmentation des matières premières, tous nos prix augmenteront : l’essence à la pompe ; les billets d’avion ; le coût du gaz, de l’électricité ; mais aussi les produits manufacturés, les produits alimentaires, etc.
Et comme l’euro, actuellement, est pratiquement à parité avec le dollar (il remonte à 1,09), et bien il ne nous protégera plus assez pour compenser une éventuelle hausse des matières premières. Très concrètement par exemple, le litre d’essence pourrait passer à 1,70€ à terme.
Economie fiction ? Non, tout simplement une lecture probable de la mondialisation croissante de l’économie, à savoir qu’une décision américaine renchérit le panier de la ménagère française, européenne, ou asiatique. A méditer pour ceux qui pensent que si on avait 1€ = 1$, tout irait bien. En économie, on ne peut pas avoir le beurre, et l’argent du beurre. A tout avantage, il y a des inconvénients, des bémols, des risques. L’euro faible, c’est bien pour une PME qui exporte tout ou partie de sa production, car elle aura des produits moins chers, donc plus compétitifs. Mais 80% des PME n’exportent rien du tout. Et un euro faible serait une catastrophe si le cours des matières premières – pétrole en tête – se mettait à grimper à nouveau. Ce qui arrivera forcément tôt ou tard. Et là, on critiquera l’euro pour sa faiblesse !

* Brexit or not Brexit ?
Mon analyse sera centrée sous l’angle bien sûr, économique, financier et monétaire.
La grande question de l’année 2016 et surtout 2017, sera le pari, un peu fou, de David Cameron, le Premier Ministre britannique. Ira-t-il jusqu’au bout du référendum annoncé maintes fois sur la question du maintien du Royaume-Uni dans l’Union européenne ? Et à ce petit jeu, qui va perdre le plus ? Pas aussi sûr que ce soient les Européens (enfin les Européens non-britanniques). Par exemple, la place financière (la célèbre City) sera pénalisée, car environ 30% de ses transactions ont en euro.
N’oublions pas, tout d’abord, que cette idée de référendum était avant tout, malgré les apparences, une décision de politique intérieure. Il s’agissait au départ, pour David Cameron, d’aspirer vers lui les voix des souverainistes de UKIP, et autres eurosceptiques voire europhobes, afin d’espérer gagner les prochaines élections, et donc espérer se maintenir au pouvoir. Car ses adversaires, les travaillistes, sans être des euro-enthousiastes, sont quand même, pour la plupart, des euro-convaincus et veulent que le Royaume-Uni reste à l’intérieur de l’UE, justement, aussi, pour pouvoir défendre leurs idées et leur niveau de vie tant ils sont dépendants de l’économie européenne. Depuis David Cameron a gagné les élections législatives à une large majorité, succès du à de bons résultats économiques, un PIB revenu au niveau d’avant la crise de 2008, de bonnes exportations et un taux de chômage très faible (5,4%).
Après s’être éloignée de l’Amérique il y a quelques décennies, la Grande-Bretagne ne peut tourner le dos à l’Europe. Son poids dans le monde serait totalement fragilisé. Le PIB du Royaume-Uni reculerait de 2,3% d’ici à 2030, selon de nombreux calculs convergents. Ses principaux clients et fournisseurs sont allemands et français. A propos, que ferait Airbus ? Resterait-il en Grande-Bretagne ? Mériterait-elle d’avoir sur son sol le fleuron de la réussite industrielle européenne ? La City a prospéré grâce à l’euro. Sans l’euro, elle perdrait sa place de première place financière dans le monde. Car l’euro c’est déjà 27% des réserves mondiales de change. Beaucoup de transactions, d’obligations, d’assurance-vie sont en euro ! Il faut savoir que ¼ des capitaux investis à la City viennent de l’UE et la plupart sont en euro ! Que l’on est l’euro ou pas ne change rien : l’euro est devenu, en un peu plus de quinze ans, une devise mondiale incontournable, pour tout pays européen, et même bien au-delà !
Que demande David Cameron à ses homologues européens ? 4 conditions ont été posées par lui : deux semblent acceptables ou atteignables : l’élargissement du marché commun, et un peu plus de libéralisme économique introduit en Europe pour desserrer les freins à la croissance. Sur ce point, c’est ce que font – ou réclament - une majorité de pays Par contre, il n’en va pas de même, et loin s’en faut, pour les deux autres conditions, qui relèvent de la provocation ou de l’odieux chantage. Cameron veut que l’on permette à d’autres monnaies que l’euro, à tout hasard… la livre sterling, d’être considérées comme des monnaies européennes. Et ce faisant, il voudrait peser sur les politiques monétaires de la BCE et la politique de change, et surtout il voudrait que la politique de la zone euro ne fasse pas d’ombre à la politique du Royaume-Uni. Une façon, à peine déguisée, de jouer la livre sterling, qui n’est plus qu’une monnaie locale, contre l’euro, 2ème monnaie du monde. On croit rêver ! Les Anglais ont choisi de garder leur monnaie. C’est leur droit le plus strict, vu qu’ils avaient obtenu la règle de « l’opting out » ( c’est-à-dire le dispositif qui consistait à ne pas adhérer à l’euro, même s’ils remplissaient les critères de convergence requis !), qui leur permettait, même s’ils satisfaisaient aux critères de convergence, de ne pas adopter la monnaie unique. Déjà, les dirigeants de l’époque leur avaient cédé, ce qui était une erreur. Ensuite, ils avaient parié sur la faiblesse de l’euro, et ils ont perdu. Maintenant, ils veulent le saborder de l’intérieur .Ils veulent conserver la Livre, mais participer aux décisions stratégiques de la politique monétaire de la BCE. Le beurre et l’argent du beurre ! Ils rêvent ! Déjà en 1999, sans adopter l’euro, ils voulaient quand même rentrer au Conseil des Gouverneurs et au Directoire de la BCE ! Refus ferme des Etats de la zone euro. Et voilà qu’ils tentent de revenir par la fenêtre. Ce sera évidemment « NO », trois fois « NO », à de telles demandes surréalistes.
Deuxième point d’achoppement : David Cameron veut introduire un délai de 4 ans pour tout travailleur issu d’un autre pays de l’Union européenne, avant que celui-ci ne puisse percevoir les prestations sociales du Royaume-Uni ! Voilà un programme que ne renierait le FN ! Ce qui est contraire à toutes les dispositions de liberté d’établissement et de travail au sein de l’Union européenne pour les Européens. Croyant être dans son bon droit, le premier ministre britannique a fait le tour des capitales européennes, et s’est heurté, partout, à un « NO », vigoureux, voire virulent, de la part de la Pologne notamment qui a des dizaines de milliers de travailleurs au pays de Cameron.
Tout cela révèle, au fond, la vraie nature du Royaume-Uni qui n’a jamais vu l’Union européenne pour ce qu’elle est réellement, un monde organisé de paix, de valeurs, de démocratie, de prospérité et de solidarité. Une entité politique et sociale autant qu’économique, dans laquelle on ne peut pas faire son marché « à la carte ». Ils reviennent toujours à leur vieux démons : une Europe oui, mais de libre-échange économique. Et rien de plus !
Alors, nous Européens, nous devons dire à David Cameron : c’est NON. Il faut que les dirigeants de l’UE, et notamment de la zone euro, soient fermes et déterminés face au chantage politique de Cameron. Il faut dire aux Anglais : vous voulez l’indépendance ? Et bien, prenez là ! Ce sera, certes, une perte économique pour l’UE, car le Royaume-Uni est un grand partenaire. Si la 5ème économie du monde (le Royaume-Uni est passé devant la France, grâce à la City), qui est aussi un pays de 56 millions d’habitants, sortaient de l’UE, ce serait un choc économique et politique que même le retour de l’Ecosse et du Pays de Galles dans le giron européen ne contrebalanceraient pas. Et puis, on perdrait aussi une force militaire considérable pour l’UE, qui forme un duo utile avec la France. Pas négligeable, en ces temps où d’autres grands pays européens rechignent à participer à l’effort de guerre contre le terrorisme. Sur le plan symbolique, cela ferait débat, car tous les europhobes enfonceraient le clou pour dire et redire que ça y est, l’UE se démantèle, d’autres pourraient suivre, etc, etc. Oubliant de préciser en passant que seuls 10% de la population de l’UE la quitterait.
Mais la perte sera bien plus forte pour le Royaume de Sa Majesté. Et je veux ici faire le pari que les électeurs britanniques voteront pour le maintien dans l’UE, en toute connaissance de cause. Fut-ce par raison, et non par passion.
Messieurs les Anglais tirez les premiers ! Sortez de l’UE, si vous osez ! Renoncez à nos valeurs, à notre communauté de biens et de solidarité. Et préparez-vous, à votre tour, à éclater. Car si le Royaume-Uni venait à sortir de l’Union européenne, l’Ecosse, elle, viendrait, à son tour, à sortir du Royaume-Uni, car elle veut, elle, rester dans l’UE et adopter l’euro au plus vite… Et David Cameron, qui d’ailleurs, à titre personnel, ne veut absolument pas quitter l’UE, sera l’arroseur arrosé …Il faut savoir prendre ses responsabilités, en politique, et assumer !

A toutes et à tous j’adresse mes meilleurs vœux pour une année 2016 pleine de santé, de paix, de joie, de prospérité. Une année sans doute difficile, et que je souhaite, face aux défis du monde, encore plus européenne.

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