Recherche
Actualités européennes
  • There are no items in this feed.

Calendrier
  • Juin 2023
    LunMarMerJeuVenSamDim
      
     1 2 3 4
    5 6 7 8 9 10 11
    12 13 14 15 16 17 18
    19 20 21 22 23 24 25
    26 27 28 29 30  

  • Évènements à venir :
    • Des événements sont à venir, restez en ligne!

Le Brexit est arrivé… Et maintenant ? Vrai goodbye ou faux départ ? Et quelles conséquences pour le Royaume-uni et l’Union européenne ?

Mais juste avant de commencer mon blog, déjà pratiquement écrit avant le drame de Nice, je ne peux qu’être indigné et écœuré de cet odieux et lâche attentat.

Malgré la Coupe d’Europe de foot (et qui s’est terminée comme elle a commencé, c’est-à-dire sans jouer une seule fois l’Ode à la joie…, alors qu’il s’agit d’une Coupe d’Europe !) qui a semblé passionner les Européens, l’événement majeur de l’année 2016 est bien, à ce jour, la sortie de l’UE du Royaume-Uni.

Je me dois, tout d’abord, d’être honnête avec vous, et de vous présenter mes excuses, car je concluais mon dernier billet, posté avant le référendum du 23 juin, par la certitude que le Royaume-Uni resterait dans l’UE !

Mea maxima culpa ! Comme d’autres, je m’étais trompé. L’impensable s’est produit. Le 23 juin, les Britanniques ont voté le Brexit, en répondant à la question : « Should the United Kingdom remain a member of the European Union or leave the European Union ? ». In french : « le Royaume-Uni doit –il rester membre de l’Union européenne ou quitter l’Union européenne ? ».

Résultat clair et net (presque 52% pour le Brexit) qui n’a appelé, sur le plan démocratique, aucune contestation. Le peuple s’est exprimé. Le peuple a toujours raison… même s’il a tort !! Et le Premier ministre, le lendemain du scrutin, devant la Chambre des Communes, a déclaré que le référendum a été l’exercice démocratique le plus important de l’histoire britannique, avec un taux de participation de 72,2%, soit plus de 33 millions d’électeurs. Bien sûr, on pourra toujours pérorer, ergoter, analyser sur le fait que ceux qui ont voté le Brexit, le « leave », sont les milieux plutôt modestes, défavorisés socialement, ruraux, plutôt âgés. Ils ont donc pu être abusés par les mensonges énormes des europhobes. Mais au fait, pour quelles raisons, précisément, ont-ils voté pour le Brexit ? Pour un désir d’indépendance / souveraineté, mais surtout un désir de lutter contre « l’immigration incontrôlée en provenance de l’UE », auquel s’ajoute, pour une part, de la xénophobie véhiculée par le parti UKIP. Il y a eu aussi, pour une part, comme dans tout référendum, le vote protestataire et l’envie de « dire zut » à celui qui a posé la question. Les Jeunes, et notamment les jeunes urbains ont voté massivement (plus de 70%) pour le Remain – le maintien - génération Erasmus oblige ! De même on observe des clivages géographiques très forts : les pro-retrait se concentrent dans l’Angleterre (53,4%), au Pays de Galles (52%). Les pro-maintien sont l’Ecosse (62%), l’Irlande du Nord (55,8%) et surtout la capitale, Londres.

Peu importe, le résultat (tragi-comique) est bien là. C’est NON à l’UE, sur un score net et sans appel : 51,9% pour le Leave. Et en plus avec une participation très importante pour le Royaume-Uni. C’est donc bien un vote démocratique. C’est pourquoi la fameuse pétition signée par 4 millions de gens, malgré ce score, n’avait aucun sens et a vite fait « pschitt ». Il fallait réfléchir avant ! Il faut assumer, lorsque l’on se tire une balle dans le pied…

Mais un vote clair, qui inquiète, qui sidère, et qui soulève tellement de questions !

Je citerai à mon tour, comme l’a déjà fait Nicole Gnesotto dans l’émission  « Esprit public » du dimanche 3 juillet sur France Culture, cette belle réplique faite à Georges Dandin, personnage de Molière : « vous l’avez voulu, vous l’avez voulu, Georges Dandin, vous l’avez voulu, cela vous sied fort bien, et vous voilà ajusté comme il faut. Vous avez justement ce que vous méritez ».

Les conséquences du Brexit sur le Royaume-Uni

En interne, le référendum, pour lequel le camp du LEAVE n’avait pas prévu de plan B, provoque de très nombreux remous. David Cameron non plus, d’ailleurs !

David Cameron, celui par qui le scandale est arrivé, aura, au final, sauvé seulement 14 mois de gouvernement en tant que Premier Ministre. Tout ça pour ça ! Mais il n’a pas sauvé son poste sur toute la durée du mandat prévu. Et voilà comment un vilain petit calcul politique et démagogique devient une catastrophe à l’échelle nationale. Car on se souvient que c’est bien lui, David Cameron, qui est la cause de ce gâchis en ayant eu l’idée, en pleine campagne des législatives (mai 2015), de faire un référendum sur le maintien ou non du Royaume-Uni dans l’UE ! Alors que lui-même, d’ailleurs, voulait absolument rester dans l’UE. Cela montre une fois de plus que les dirigeants actuels ne reculent devant rien, désormais, pour gagner une élection… Cela promet pour la campagne de la présidentielle française de 2017… On n’hésite pas à poser une question – risquée – par référendum, pour « faire peuple ». Le problème du référendum est que la question posée n’appelle pas d’alternative. Il n’y a pas de « plan B ». De Gaulle l’avait appris à ses dépens en 1969 (référendum sur la réforme du Sénat et la décentralisation), ou Jacques Chirac en 2005 sur le projet de Constitution européenne. Si la réponse est une mauvaise surprise, ils ne savent plus quoi faire, sinon partir… (et encore, pas tous !).

On en a encore la démonstration avec la classe politique britannique, où les plus actifs pro-Brexit paient cash la virulence de leurs propos et leur populisme non assumé. Avec des victimes collatérales, dont la plus éminente, est l’ancien maire de Londres, Boris Johnson que tout le monde voyait déjà en futur 1er ministre, et qui fut d’abord contraint à réfléchir, tout penaud, sur les conséquences de ses multiples retournements de veste, que d’aucuns nomment pudiquement de l’opportunisme. Jusqu’au coup de théâtre du 13 juillet, avec les premières nominations de ministre par la nouvelle Premier Ministre Theresa MAY, 59 ans, conservatrice, libérale et eurosceptique (mais pas pro-Brexit, toutefois). Rival de Theresa May, il n’a pu être Premier Ministre, mais il a tout de même un poste clé, celui des Affaires étrangères, et sera donc à la manœuvre pour les négociations avec l’UE sur la sortie du RU. Lui qui n’a rien d’un diplomate, et est même un provocateur. Durant la campagne du référendum, il avait osé comparer l’UE au « IIIème Reich ». Il a taclé Barack Obama qui demandait au RU de rester dans l’UE, en le traitant « d’hypocrite à moitié keynian ». On va devoir négocier avec cet énergumène provocateur. Ça promet !

Autre gage donné aux pro-Brexit, et à l’aide droite du parti conservateur, la nomination de David Davies, très actif dans la campagne du Leave, au poste de « ministre du Brexit ». Encore un qui sera dans les négociations avec l’UE.

Mais la palme de la malhonnêteté revient à Nigel Farage, ex-leader du parti europhobe et xénophobe UKIP, qui prend lui aussi le large, prétextant qu’il a accompli sa mission, c’est-à-dire faire voter pour le retrait. Après lui le déluge, car il ne compte pas assumer les conséquences de ses actes politiques et de ses mensonges durant la campagne (comme ces 436 millions de livres économisés qui allaient automatiquement abonder des dépenses de santé !). Plus c’est gros, plus ça passe ! Mais il continuera néanmoins, il n’est pas à un paradoxe près, à encaisser le substantiel salaire de député européen. L’Europe a finalement du bon. La famille Le Pen aussi en profite bien…

Du côté des pro-remain, les remaniements sont aussi en cours : tout le shadow cabinet travailliste est en crise, avec plusieurs démissions (un tiers du cabinet !). Et Jeremy Corbyn, le chef de ce parti, est accusé d’avoir défendu mollement le camp du « rester dans l’UE ». Il a d’abord refusé de démissionner, espérant tenir encore un peu. Car il porte aussi une part de la défaite.

Exit par contre, David Cameron. C’est déjà ça. C’est le premier arroseur arrosé. Personne n’avait vu venir le vote du peuple. Et surtout, presque personne ne voulait vraiment le Brexit !! Gag … Du coup, c’était un peu la panique chez les dirigeants, car il n’y a pas de plan B. Mais il fallait changer très vite de Premier Ministre, car Cameron refusait d’être celui qui demande le retrait du Royaume-Uni dans l’UE, après avoir déclenché ce référendum. C’est donc Theresa May qui a été désignée pour lui succéder. Mais comme on pouvait s’y attendre, elle souhaite d’entrée de jeu préparer le Royaume-Uni à négocier un retrait en jouant la montre, face à des chefs d’Etat et de gouvernement en état de sidération …

Eh oui, Madame May, ce n’est pas facile de quitter l’UE, malgré ses imperfections, quant le saut est … dans l’inconnu ! Un peu comme à la roulette russe. La première déclaration de Theresa May, le 13 juillet, a été de préciser qu’elle n’actionnerait l’article 50 du Traité de Lisbonne sur la sortie de l’UE qu’à la fin de l’année 2016, en se moquant éperdument des injonctions fortes de l’UE (Jean-Claude Juncker, le Parlement européen..) de faire, au contraire, la demande le plus vite possible. François Hollande, lors de son entretien avec les journalistes le 14 juillet, a également plaidé auprès de Madame May d’engager vite la sortie de l’UE afin « de ne pas prolonger des incertitudes ». Peine perdue. Hollande a également déclaré « le Royaume-Uni ne peut plus avoir dehors les avantages qu’il avait dedans. Ça, c’est fini. » Bien dit ! Il est donc clair que les Britanniques vont prendre leur temps. La classe politique du Royaume-Uni, qui n’avait rien vu venir, est un peu aux abois. Il n’est qu’à lire le discours de départ de Cameron : « il faudrait que le Royaume-Uni reste le plus proche possible de l’UE ». No comment !

And now : va-t-on vers un Royaume-Désuni ?

En tout cas, la Premier ministre écossaise, Nicola Surgeon, n’a pas trop attendu pour rappeler le désir de son peuple de rester dans l’UE, et donc de devenir indépendant si cela est la seule voie possible. Elle appelle à un nouveau référendum sur l’indépendance de l’UE. Symbole fort, lors de sa conférence de presse, elle avait derrière elle, deux drapeaux : celui de l’Ecosse et celui de l’UE. L’Union Jack est déjà boutée hors de Glasgow ! Et dans la foulée, elle a fait le tour des institutions européennes : reçue par le Parlement européen, par le conseil des ministres. Mais pas par le Conseil européen, composé des chefs d’Etat et de gouvernement, qui ne veulent pas, à l’instar du Premier ministre espagnol, donner une caution à des revendications nationalistes. Chacun d’eux craint les risques d’appel d’air… Eh oui, là on se serre les coudes !

Les Irlandais s’inquiètent aussi beaucoup du Brexit : la seule frontière terrestre entre l’UE et le Royaume-Uni serait la frontière entre la république d’Irlande et l’Irlande du Nord. Avec le retour du contrôle aux frontières, des douaniers et des gardes britanniques. Le Sinn Fein, parti indépendantiste, a même demandé la réunification des deux Irlande, séparées depuis 1922. Alors que la paix est si fragile en Irlande du Nord, depuis les accords du Vendredi Saint de 1998, des observateurs craignent le retour des violences dans ce pays, entre le camp de ceux qui veulent rester britanniques, et donc quitter l’UE, et ceux qui veulent rester dans l’UE, et rejoindre l’Irlande du Sud. Il faudra surveiller dans les mois qui viennent l’évolution de ce territoire.

La position anglaise à Gibraltar serait aussi plus difficile à tenir. Mais avec le Brexit, l’UE appuiera les revendications espagnoles, alors que jusqu’à présent, Bruxelles se refusait d’intervenir entre deux Etats membres.

Voilà pour les premières conséquences politiques et les risques de désunion du « Royaume-Uni ». Difficile d’écrire l’avenir, mais un événement comme la sortie de l’UE d’un membre si important, aura de multiples conséquences, pas forcément heureuses.

Les conséquences économiques seront importantes, également, et risquent d’entrainer toute l’UE, une nouvelle fois, dans une zone de turbulence. Le Royaume-Uni c’est (c’était ?) la cinquième puissance économique du monde. Le FMI a pronostiqué une baisse de 0,2 à 0,3% du PIB du Royaume-Uni, et, aussi, de l’UE. Embêtant, au moment où la croissance se consolidait autour de 1,5 à 1,6% (même en France). Le Royaume-Uni va donc perdre sa place de 5ème puissance économique mondiale et repasser du coup derrière la France. Car il risque aussi de perdre sa place de 1ère puissance financière, beaucoup de places financières européennes font les yeux doux à la City, qui commerce, ne l’oublions pas, pour au moins 30% en euro ! Et oui ! Cela va faire le bonheur de la place de Francfort (qui héberge la BCE) et dans une moindre mesure, de celle de Paris.

Et puis, déjà, de grands groupes internationaux envisagent de se délocaliser. En tout cas, c’est l’annonce faite par Easy Jet qui cherche un nid plus douillet. Il aura le choix, entre l’Irlande et le Luxembourg pour des pays européens qui pratiquent, encore, le dumping fiscal. Symboliquement, une telle délocalisation serait un camouflet puissant, sans compter le nombre d’emplois directs perdus pour le pays. Toutes les grandes banques de la city, comme Morgan Stanley, HSBC s’étaient opposées au Brexit. HSBC a déjà annoncé qu’elle relocalisait un millier d’emplois dans la zone euro. Le malheur des uns …

En cas de renégociations des règles commerciales et de fermeture du marché unique, ce sont aussi un certain nombre d’entreprises, dont le secteur automobile, qui devront changer de stratégie. Elles avaient pris le RU comme une sorte de base arrière, plus flexible en matière de marché du travail et plus souple fiscalement. Elles devront désormais, soit subir les tarifs douaniers et les contrôles aux douanes, soit délocaliser dans un Etat membre de l’UE. Le groupe Airbus, premier avionneur mondial et superbe réussite industrielle européenne, n’a pas voulu se prononcer tout de suite sur le cas des usines du groupe établies sur le sol britannique. Les avions Airbus ne pourront certes pas se passer des moteurs Rolls-Royce qui fournissent une grande partie des avions du monde. Mais pour les sous-traitants et autres usiniers britanniques, pas si sûrs qu’ils conservent tous les contrats. Si le Royaume-Uni sortait du marché unique, et de ses 4 libertés fondamentales, (libre circulation des personnes, donc des travailleurs, des services, des marchandises et des capitaux), il devra renégocier tous ses accords commerciaux et financiers. Travail titanesque, et négociations rugueuses en vue. Mais cela aussi, il fallait y penser avant !

Tout sera plus compliqué pour le Royaume-Uni. Prenons un exemple concret (parmi des milliers !) : en UE, les Etats membres bénéficient du « ciel ouvert » pour leurs compagnies aériennes. Très concrètement, Londres pouvait avoir 11 lignes quotidiennes avec Athènes (2 pays de l’UE) librement. A présent, n’étant plus en UE, la capitale anglaise devra NEGOCIER avec Athènes des « droits de trafic » au cas par cas. Au même titre que le Maroc ou le Venezuela. Cela limitera forcément ses droits, Athènes devant privilégier plutôt un Etat membre de l’UE. Eh oui, l’Europe, ça donne des droits et avantages pour ses membres. Dans énormément de domaines. Et cela, les politiciens et les Média n’ont font jamais état, ne voyant que les « problèmes »…

Dès l’annonce des résultats du référendum, la bourse de Londres a fortement chuté. La livre sterling a pas mal perdu de sa valeur. Et les agences de notation (Fitch’s et Standard and Poors) ont aussitôt baissé la note de la dette britannique, de AAA à AA, signe de leur crainte sur l’économie du pays, et donc sur ses capacités à rembourser ses créanciers. Les taux d’intérêt sur ses emprunts (colossaux) vont donc augmenter.

Les retraités britanniques qui vivent dans le Périgord, en Espagne ou au Portugal ont du souci à se faire aussi pour leurs pensions et leur pouvoir d’achat avec leur monnaie dévaluée. Et par ricochet, nous aussi, qui bénéficions de leur pouvoir d’achat et de leur consommation. Deux phénomènes sont immédiatement apparus : des épargnants, étrangers ou non, ont commencé à vendre leurs biens immobiliers, anticipant une baisse de l’immobilier consécutive de la baisse de la Livre. Ensuite, 3 fonds de pension britanniques ont déjà dû geler leurs avoirs et fermer leurs guichets, car ils manquent de liquidités et ne peuvent plus payer les pensions de retraites. Exactement comme en 2007 aux USA, après la faillite de la banque Lehman brothers. Ce pourrait être le début d’une crise des subprimes dans l’immobilier britannique, suite à la chute de la Livre sterling et au manque de liquidités. Mais il ne devrait pas y avoir de crise financière majeure comme en 2007/2008. Enfin, il faut l’espérer. Ceci prouve une fois de plus que tout « incident » dans un pays important impacte tous les autres, qu’on le veuille ou non, compte tenu de la volatilité des marchés financiers et de l’interdépendance des économies. Les conséquences sont très rapides… Ceci devrait rendre moins irresponsable, dans ses décisions, un dirigeant politique… Eh bien non ! Ces gens-là osent tout !… Et c’est même à ça qu’on les reconnaît…

Une des tactiques utilisées par les pro-Brexit était d’agiter devant les électeurs, des promesses intenables et des contre-vérités. Par exemple, et merci Monsieur Nigel Farage (ex-leader d’UKIP), pour vos mensonges et vos fausses promesses, avec ces fameuses centaines de millions de livres que le Royaume-Uni n’allait plus verser à l’UE, et qui iraient tout droit combler le déficit des services publics et du service de santé britannique ! Et dès le lendemain, ce leader d’extrême-droite osait dire à la TV que c’était une « erreur » de campagne !! Sauf que nombre d’électeurs ont voté en croyant ces mensonges énormes, comme d’autres électeurs votent en France aussi sur des mensonges ou âneries de la famille Le Pen ou autre Mélenchon !

Ceux qui ont voté en faveur du Brexit, ont cru, une fois de plus, en la parole des populistes et démagogues. Au moins, certains populistes britanniques ont avoué avoir menti. Quoique un peu tardivement, au lendemain du référendum. Mais vous en connaissez, en France, des démagogues français avouer leurs mensonges ou leurs erreurs ?

Les Britanniques versent environ 18 milliards de Livres (soit environ 15 milliards d’euros) dans le budget de l’UE. Il faut déjà savoir qu’ils sont les seuls à avoir une contribution inférieure à ce qu’elle devrait être, si elle était calculée, comme pour les 27 autres pays, au prorata des 1% du PIB. Première entourloupe. C’est, encore et surtout, le seul pays à bénéficier d’un chèque de ristourne, le fameux rabais britannique arraché par Margaret Thatcher, d’environ 5 milliards d’euros par an, payé pour un quart par la France, pour un autre quart par l’Allemagne, et l’autre moitié par tous les autres Etats membres ! A cela s’ajoutent toutes les aides, dans le cadre de la PAC, des fonds structurels, et des différentes politiques sectorielles (recherche, université, etc), soit 6,9 milliards d’euros de plus dans l’escarcelle. Conclusion, le RU recevait à peu près ce qu’il donnait. Donc il n’a aucune cagnotte à espérer de son retrait. Bien au contraire, il aura beaucoup de dépenses supplémentaires : le Royaume-Uni devra augmenter ses dépenses, pour assurer ses frontières, remettre à plat toute sa réglementation (évaluée à 80.000 textes administratifs et juridiques, des contrats); et se verra priver de contrats importants en tant que pays « étranger ». Bref, pas sûr que l’économie en vaille la chandelle. Les Britanniques ont donc voté en étant influencés par d’énormes mensonges proférés par de pitoyables politiciens, qui démissionnent les uns après les autres une fois leur forfait accompli. Si au moins les Français pouvaient s’en souvenir en mai 2017, après une campagne qui aura sûrement permis aux extrêmes de raconter n’importe quoi…

Le Royaume-Uni ne pourra pas avoir le beurre et l’argent du beurre, en ce qui concerne l’UE : refuser la libre circulation (des personnes, des étudiants, des travailleurs…), et en même temps accéder au marché unique. J’espère que l’UE sera vigilante, et ne « fera pas de cadeau » à ceux qui sèment le chaos.

Si le Royaume-Uni veut garder des accords commerciaux avec l’UE, il lui faudra respecter les 4 libertés absolues du marché unique, socle de la construction européenne, dont la liberté de circulation des personnes, partout en Europe. Alors même que l’immigration a été un des sujets majeurs de la campagne. Ironie de l’histoire, si le RU sortait complètement de l’UE (sans accéder au marché unique), alors la France pourrait ouvrir sa frontière à Calais et « libérer » les migrants qui se précipiteraient vers la Grande-Bretagne. Donc ceux qui ont voté pour restreindre « l’immigration incontrôlée » en seraient pour leur frais !! Pas facile de devenir indépendant / souverainiste !

L’Europe a trois niveaux de structuration : l’UE, la zone euro et … l’Espace Economique Européen (EEE). Cet EEE pourrait être « la troisième voie » proposée par le Royaume-Uni (à condition que les 27 l’acceptent). Il y a un très bon papier là-dessus écrit récemment par Thierry Chopin et Jean-François Jamet de la Fondation Robert Schuman. Mais même si le Royaume-Uni intégrait l’EEE, pour qu’il conserve un semblant de souveraineté, il faudrait qu’il puisse exiger une réforme des règles de la prise de décision au sein de l’EEE : le RU ne demanderait rien moins qu’une parfaite égalité de vote, entre membres de l’UE et membres hors UE, afin de pouvoir peser sur des politiques européennes, comme le marché unique. Si le RU arrivait à obtenir cela, on aurait le loup dans la bergerie, avec un membre extérieur qui décide pour 27 membres à l’intérieur. Ubuesque ! Mais rassurez-vous, cela n’arrivera pas !

Depuis qu’ils ont « un pied dedans et l’autre dehors », les Britanniques ont démontré leur art de bien négocier leurs intérêts… Nous voici prévenus. S’ils gardent le marché unique, tout le marché unique, ils devront payer leur écot. S’ils sortent, ils pourraient avoir l’EEE. Mais ne cédons jamais à un retour à l’ancien programme anglais de 1962 de l’AELE (association européenne de libre-échange), une zone purement de libre-échange, sans portage politique.

Dans le cadre de l’EEE, on cite souvent l’exemple de la Norvège, qui n’est pas dans l’UE, mais qui accède au marché unique. Oui, mais au prix d’accords entre ce pays et l’UE. Et avec un coût. La Norvège débourse 450 millions d’euros par an pour accéder au marché unique, intégrer le programme de mobilité Erasmus+, permettre à ses associations et entreprises d’être partenaires d’associations ou d’entreprises européennes pour accéder à des financements. Elle contribue donc, de fait, au budget européen. Il y aurait donc quelque chose de perverti au royaume de sa Majesté ? C’est à prendre ou à laisser, Messieurs les Anglais !

Il existe deux autres modèles de « pas dedans, mais un peu quand même ». Le modèle suisse, moins intégré que le modèle norvégien, fondé sur des accords bilatéraux entre UE et la Confédération helvétique, accords qui peuvent être remis en cause : la Suisse participant essentiellement au marché unique, même si une dernière votation qui a limité l’immigration, a mis à mal cette libre circulation. Et du coup, les étudiants suisses sont privés du programme Erasmus. L’autre modèle, peu envisageable, est le modèle turc, avec seulement une union douanière, c’est-à-dire des tarifs douaniers plus bas, mais le maintien d’un contrôle aux frontières, et l’instauration de visa pour les ressortissants du pays. Donc tout britannique serait soumis à un visa pour rentrer sur le territoire de l’UE ! Cela m’étonnerait beaucoup que les futurs dirigeants britanniques s’accommodent d’une coopération a minima. Ils perdraient beaucoup. Mon pronostic est qu’ils voudront plutôt accéder au marché unique, et ses 4 libertés. Donc avoir tous les avantages, sans trop payer. Le beurre et l’argent du beurre. Et l’UE, entrainée par l’Allemagne, pourrait être assez complaisante. Car le Royaume-Uni, ce n’est quand même pas rien sur le plan économique et commercial. Et c’est un premier client majeur pour l’UE !

Il est trop tôt pour « jauger » le caractère et le poids de Theresa May, le nouveau Premier Ministre britannique. D’aucuns la présentent comme une « Margareth Thatcher, mais en plus social ». Si tel est le cas, les négociations seront longues, et peut-être conflictuelles, sur le principe du donnant-donnant. Par exemple, si le RU subissait trop de délocalisations d’entreprises industrielles ou de services financiers (de la City vers la place de Francfort), il pourrait utiliser l’arme du dumping fiscal, en baissant le taux d’intérêt sur les sociétés à 15%… Il est aujourd’hui à 19% (l’Allemagne et la France étant à 30-35%). Mais attention au « retour de bâton » : le RU compromettrait alors définitivement ses chances d’avoir le plein accès au marché européen.

L’indépendance, ça se paie parfois.

Les conséquences du Brexit sur l’UE

Je ne reviendrai pas sur les nombreuses conséquences économiques, car je les ai développées pour le RU, elles sont donc, pour l’UE, en « contrepoint », ou mêmes communes, parfois, car il y a de fortes interdépendances entre l’économie de l’UE et l’économie britannique, vu nos positions privilégiées en terme de clients respectifs. Mais il y a d’autres conséquences, par exemple : quid de l’avenir des 300.000 Français travaillant de l’autre côté du Channel ? Certains voudraient rentrer vu « le climat anti-étranger développé durant la campagne ». D’autres préfèrent prendre la double nationalité « par sécurité ». Bonjour l’ambiance !

Sur le plan plus institutionnel et politique, la réunion du Conseil européen à 27 Etats membres, qui s’est tenue dès le 29 juin, a clairement posé les bases : « il est nécessaire d’organiser le retrait du Royaume-Uni de manière ordonnée ». En clair, le peuple a voté, le peuple est souverain. L’UE n’ira pas contre ce choix démocratique. Et il y a quasi-unanimité (Parlement européen, Commission, Président du Conseil) sur la nécessité d’activer le plus vite possible l’application du fameux article 50 du traité de Lisbonne, qui prévoit un mécanisme de retrait volontaire et unilatéral d’un pays de l’Union européenne (UE). Je cite cet article: « Un pays de l’UE qui souhaite se retirer doit informer le Conseil européen de son intention. Le Conseil doit ensuite proposer des orientations vers la conclusion d’un accord sur les modalités du retrait dudit pays. Cet accord est conclu au nom de l’UE par le Conseil, votant à la majorité qualifiée, après avoir obtenu la validation du Parlement européen. Les traités de l’UE cessent de s’appliquer au pays concerné dès la date d’entrée en vigueur de l’accord ou dans les deux ans à dater de la notification de retrait. Le Conseil peut décider de prolonger cette période. Tout pays s’étant retiré de l’UE peut introduire une nouvelle demande d’adhésion. Il doit alors suivre la procédure d’adhésion ». Cet article est donc très clair : tant que le Royaume-Uni n’aura pas actionné cet article 50 et notifié sa demande de retrait, l’UE ne veut pas d’ouverture de négociations. Et toc ! Donc, pas de négociations en coulisses… Par contre, l’UE ne pourra forcer le RU à notifier sa demande de retrait. Et madame May a annoncé la date de fin d’année, car personne ne voulait du Brexit (Reine comprise !). L’UE pourra peut-être faire pression pour que cela aille plus vite ? Pas si sûr.

Le président de la commission, Jean-Claude Juncker a eu cette formule choc : « ce n’est pas un divorce à l’amiable, mais après tout ce n’était pas non plus une grande relation amoureuse ». Cette réunion du Conseil européen a, par ailleurs, rappelé que « l’accès au marché unique passe obligatoirement par l’acceptation de chacune des quatre libertés ». Ce que la chancelière allemande a immédiatement traduit par « le Royaume-Uni ne pourra pas négocier un statut à la carte pour ses relations avec l’UE après le Brexit ». Bien dit ! Ce même Conseil a ouvert une porte, celle de la nécessaire réflexion politique, et de l’impulsion à poursuivre des réformes. Là encore la meilleure conclusion revient à Angela Merkel : « l’Union européenne est assez forte pour survivre ». Certes, mais peut-être pas l’UE actuelle, dans l’ambiance actuelle…

Enfin ce même Conseil a ré-insisté sur tout ce que la construction européenne a apporté au continent et aux européens : paix, prospérité et sécurité. Mais en entendant bien les demandes des citoyens européens en terme d’emplois et de croissance, auxquelles s’ajoutent désormais leurs craintes en matière de sécurité, d’immigration ou encore de mondialisation effrénée. Car même si les Britanniques ont pu être abusés par des démagogues et des menteurs, comme d’autres le seront peut-être aux Pays-Bas (Nexit ?) ou en France (Frexit ?), il faut d’urgence, non seulement contrer, expliquer, dénoncer les mensonges de tous ces extrémistes qui fleurissent ou prospèrent en Europe (Hongrie, Pologne, Pays-Bas, France …), mais aussi revoir en profondeur le fonctionnement de l’UE – ou de la seule zone euro si à 27 c’est trop compliqué -, dans un sens plus démocratique, plus transparent, c’est-à-dire en donnant les pleins pouvoirs au Parlement européen, élu démocratiquement par les peuples : pouvoir budgétaire, fiscal, d’amendement de tous les textes, etc. Il faut impérativement réconcilier l’Europe avec ses citoyens. Sinon, on sera balayés.

Il faudra expliquer aussi, une fois pour toute, que la Commission ne « décide pas tout », argument majeur des europhobes, mais archifaux. Elle propose via son droit d’initiative, mais la décision revient aux chefs d’Etat et de gouvernement, dans une UE qui fonctionne très largement sur le mode intergouvernemental, hélas ! Pourquoi nos dirigeants sont-ils toujours muets, sur ces explications simples ? Il faudra ensuite (si les populistes ont régressé) passer vite à plus et mieux d’Europe, si l’on arrive à convaincre que «l’Europe des Etats » ne survivra pas face aux Etats-Unis et aux immenses émergents tels la Chine et l’Inde. Aucun sujet sérieux (sécurité, immigration, économie, environnement, monnaie, défense, fiscalité, budget) ne peut se traiter à l’échelle d’un Etat. Aucun.

Autres conséquences géopolitiques

Les Britanniques seraient peut-être aussi tentés de choisir le camp de l’OTAN, et se désengager totalement de la PESD, la politique européenne de sécurité et de défense. Bref un RU prenant le large. Rappelons au passage qu’il n’y a que deux pays européens qui ont des capacités militaires importantes (quoique coûteuses) : la France et le RU. Ces deux pays étant également les seuls Européens à disposer de l’arme nucléaire. Quid alors de la défense européenne, déjà grandement fragile ? L’OTAN et son principal contributeur, les USA, apparaitraient plus que jamais comme les seuls protecteurs. A moins que cela ait un effet inverse, et provoque, enfin, une coopération bilatérale plus importante entre la France et l’Allemagne, et la mise en place d’une défense européenne, d’une vraie politique diplomatique, et donc d’une plus grande intégration européenne. Mais les déclarations de F. Hollande le 14 juillet n’incitent pas à l’optimisme…

La France resterait le seul membre permanent de l’UE au conseil de sécurité de l’ONU : cela renforcerait sa position, à court terme, tout en l’exposant fortement à des demandes croisées pour que ce poste de membre permanent devienne de facto celui de l’UE. Ce serait une vraie solution, une solution fédérale, n’en déplaise aux souverainistes dans leur « rêve » absurde de donner à la France une position « mondiale » en restant tout seul.

Se poserait aussi la question des traités bilatéraux de Saint Malo et de Lancaster House entre le RU et la France. En tout cas, l’UE doit être vigilante, quand on voit l’escalade des dépenses militaires en Chine. La Chine consacre 140 milliards de $ pour sa défense. Chiffre officiel ! Et qui affole le Japon, de plus en plus nationaliste aussi, et qui veut réarmer, car il consacre 3 fois moins de budget Défense que la Chine ! L’Inde aussi devient très nationaliste, et augmente son budget militaire… Cette escalade est inquiétante. Que pèsent nos petits Etats européens seuls face à ces géants ? L’Europe là aussi est notre seule survie politique, et survie tout court. Et ce n’est pas assez expliqué au citoyen…

Autre victime collatérale, le TTIP : ce fameux projet de Traité commercial transatlantique UE/USA, appelé aussi « TAFTA ». Le RU est un allié des USA, d’aucuns disent la taupe des Etats-Unis en Europe. Il est fort probable qu’avec le Brexit, les négociations avec les USA pour la signature d’un TTIP soient plus difficiles, voire n’aboutissent pas. Le Brexit pourrait encourager les dirigeants euro-tièdes ou eurosceptiques à durcir leurs positions souverainistes et démagogiques. Déjà le Premier ministre français a expliqué que la France « s’opposerait à la validation de ce traité ». Tout seul ? Sans aucune consultation avec nos partenaires européens ? Le même Manuel Valls a déclaré aussi que si la « directive sur les travailleurs détachés n’était pas revue (sur la question des charges sociales qui sont celles du pays d’origine, donc souvent basses), la France n’appliquerait pas cette directive ». Donc, si je comprends bien, la France sort de l’UE, si elle n’applique plus unilatéralement les directives qu’elle a votées, qu’elle a accepté, voire rédigé en Conseil européen, à la Commission ? A quand le référendum sur le « Frexit » ? Je vous le disais supra : elle promet, la prochaine campagne présidentielle française ! Elle promet ! Si la démagogie et le nationalisme dérapent, on pourra toujours demander l’asile politique à … l’Ecosse ! Ce type de déclarations intempestives de la part d’un Premier Ministre qui se prétend « européen » mais qui flatte de plus en plus l’électorat souverainiste est indigne pour un pays fondateur de l’Europe post 1945… Souvenons-nous encore de ses attaques odieuses et arrogantes contre Madame Merkel, qui était pourtant la seule dirigeante humaine face aux réfugiés politiques.

On pourrait progressivement aboutir à une tripolarisation du monde occidental : d’un côté les Etats-Unis, le Canada et le Royaume-Uni, de l’autre l’Union européenne, et enfin la Russie qui n’attend que nos faiblesses, elle qui rêve de restaurer un « Empire » eurasien, et veut torpiller l’UE. On voit bien que les enjeux géopolitiques sont forts et que l’actuelle génération de dirigeants n’en a pas vraiment pris la mesure.

Les Etats membres de l’UE sont tous unanimes à demander de la clarté. Car la peur pour tous les dirigeants européens est celle de la contagion, de l’appel d’air engendré par le Brexit. Viktor Orban n’a pas attendu pour fixer la tenue d’un référendum au 2 octobre prochain, avec une question, « toute en nuance » : « Voulez-vous laisser fixer par l’Europe le quota d’immigrés à réaliser pour la Hongrie, sans consultation du Parlement hongrois ?». Posée ainsi, nul ne doute de la réponse… Et personne, côté UE, ne proteste !

Le parti d’extrême-droite néerlandaise se frotte également les mains et réclame aussi un référendum pour son pays. Idem pour la République tchèque qui dérive de plus en plus. Idem pour l’Italie, où, lors des dernières élections municipales, les villes de Turin et Rome sont passées entre les mains des populistes (le mouvement « cinq étoiles ») qui veulent sortir, eux aussi, de l’UE.

En France, on commence à parler de « Frexit » dans le débat public. Ils osent tout. Et personne ne réagit ! Après 70 ans de paix, de démocratie, de prospérité et de liberté ! La campagne 2017 en France sera pire que celle de 2012, avec dérive à droite de tout l’échiquier politique français. Des années d’outrances verbales par de plus en plus de politiciens sans vergogne, relayées par certains média sans scrupules, finissent par influencer tous les Français. Les sujets de préoccupations des Français sont le chômage, mais aussi la sécurité, l’immigration, les frontières, l’identité. Ça promet. Et le nouvel attentat de Nice, cet abominable carnage, le jour du 14 juillet, de surcroît, ne va pas arranger les choses… Les politiciens actuels, face aux défis du XXI siècle ont une responsabilité énorme devant l’Histoire. Ils devraient devenir responsables, et éviter toute surenchère. Ils jouent vraiment avec le feu…

Le risque majeur est celui du pourrissement de la sortie du RU de l’UE : on nous annonce 2 ans si les négociations sont ardues ! Pendant ce temps, les Britanniques seront encore au Conseil européen, au Conseil de l’Union et au Parlement européen, et pourront user de toute leur capacité de nuisance, c’est-à-dire de leur veto. Puisqu’ils voteront sur tout. Soit on leur cède, et donc les négociations de la sortie comprendront une série de fausses sorties et de réelles avantages pour le RU. Soit on ne leur cède rien, et on fonce vers le mur, au risque de l’inertie, voire de l’éclatement. Et les risques de division au sein de l’UE monteront en flèche. Car nous sommes, bien sûr, divisés sur la conduite à tenir face au RU. Décidément ! Comme sur l’accueil des migrants, sur l’Europe aussi à approfondir, sur les Etats candidats à l’UE ( !). A quand un nouveau vrai couple franco-allemand ? Qu’a dit François Hollande dans son entretien avec des journalistes, le 14 juillet : « Pas de défense européenne, mais des défenses nationales à objectif commun » ( !). Certes, l’Allemagne va s’engager davantage pour la défense, y compris dans des interventions extérieures. Le président a souhaité aussi un Ministre de la zone euro et l’augmentation du plan Juncker pour relancer ll’économie de la zone euro. Mais faites don,c et vite ! Ce serait un début d’intégration européenne.

Le modèle norvégien qui pourrait être suivi par le RU, repose, en fait, la question d’une Europe à plusieurs niveaux, ou à plusieurs groupes. Cette Europe existe déjà, du reste.

On a déjà les Etats de l’AELE, la Suisse, qui n’appliquent que le marché unique, et encore avec quelques restrictions.

Trois Etats de l’EEE (Norvège, Islande, Liechenstein, en plus des Etats membres) appliquent les règles du marché unique, sans participer aux votes définissant ces règles.

Il y a les Etats qui envisagent (on n’ose même plus écrire doivent) rentrer dans la zone euro, qui ne participent pas à toutes les décisions de la politique monétaire : les gouverneurs de leur banque centrale siègent au Conseil de la Banque centrale européenne, mais pas au directoire réservé aux 19 gouverneurs de la zone euro, et qui est décisionnaire.

Enfin les 19 pays de la zone euro, la zone qu’il nous faut absolument, et vite, approfondir, avec un Ministre de l’euro, un Trésor européen, une fiscalité commune, une mutualisation des dettes (comme aux USA), une diplomatie commune, etc.. Cela devient de plus en plus indispensable, et urgent.

Et on fera grâce ici, de la cartographie de l’Espace Schengen qui rajoute un autre cercle européen.

Une des réformes institutionnelles envisagées, et à laquelle poussent fortement les Britanniques, serait de faire coïncider les institutions avec les cercles européens : ainsi le conseil de l’EEE deviendrait le lieu des décisions pour le marché unique, intégrant les pays de l’UE et de l’EEE, et remplacerait le Conseil de l’Union.

Mais au-delà de ces réflexions temporaires et « à chaud », il serait temps d’ouvrir un vrai débat démocratique sur le sens, le pourquoi et le comment de l’Europe.

Il conviendrait ainsi de clarifier les positions des uns et des autres : en proposant des cercles différents, chaque Etat membre assumerait ces choix : ainsi du Danemark qui ne veut pas de l’euro, mais a arrimé sa monnaie à l’euro. De la Pologne, de la République tchèque qui refusent la charte des droits fondamentaux. On aurait une Europe à la carte, mais assumée, et énoncée en tant que telle par les pays : chacun prendrait alors ses responsabilités devant son peuple. Et puis cela permettrait d’offrir des paliers d’intégration pour les pays candidats à l’adhésion. Et enfin, que ceux qui veulent sortir sortent. Bon débarras ! Ils reviendront de toute façon, d’une manière ou d’une autre. Car il n’y a PAS d’alternative ! Le mode UE, même perfectible, a sauvé l’Europe du désastre de 1914-1918 et de 1939-1945. Les Anglais nous ont démontré qu’ils n’ont PAS de plan B. Eux qui regrettent à présent de … devoir sortir ! Dans cette mondialisation croissante, inéluctable et irrésistible, un Etat seul, quelque soit sa taille, son dynamisme, ses succès, court au suicide. Durant combien d’années faudra-t-il le répéter, face à des dirigeants autistes, impuissants et lâches ? Et comment convaincre les peuples ? Ce sont eux qui votent !

Finalement, faute de mieux, pourquoi ne pas avancer avec un nombre restreint de pays, vers une intégration plus politique et plus poussée de l’UE ? Une sorte d’avant-garde. Plus tard, l’UEM et l’UE pourraient aussi coïncider. Mais attention, le vent qui souffle en Europe est contraire, attention danger. N’attendons pas de miracle de nos dirigeants actuels. Et la pitoyable et amorale nomination de José Manuel Barroso, ex-président de la Commission pendant 10 ans, à la tête de la banque Goldman Sachs, basée à Londres, et qui va donc défendre, dans le cadre du Brexit, les intérêts du RU contre l’UE, ne va pas réconcilier les citoyens européens avec « cette » Europe !…

En attendant, le Royaume-Uni ne … l’est plus, uni. David Cameron ne laissera pas une image positive dans l’Histoire. Pour se faire réélire, il aura semé le chaos sur son île.

Je conclurai par cette éloquente citation de Jean-Louis Bourlanges, extraite de son passionnant texte « La fable du Brexit » sur le site Telos : « le mariage, dit quelque part Oscar WILDE, consiste « à faire face ensemble à des problèmes qu’on n’aurait pas eus séparément ». Force est de constater que le Brexit, c’est l’inverse : ça consiste, pour les Anglais notamment, à faire face séparément à des problèmes qu’ils n’auraient pas eus ensemble ».

Excellent !

Et il n’est pas facile de rire par les temps qui courent ! …

Laisser un message

*