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Négociations pour le BREXIT : dangereusement au point mort !

La situation n’a pas évolué tout au long de cet été 2020: aucun compromis n’a pu être trouvé entre l’Union européenne et le Royaume-Uni pour leurs futures relations.

Et nous sommes déjà à sept rounds de négociations, le septième s’étant achevé le 21 août sur un constat d’échec. Michel Barnier, négociateur en chef de l’UE, s’est déclaré « déçu et préoccupé », craignant de plus en plus que la perspective d’un « no-deal » devienne réalité. Le temps des discussions est désormais compté : il ne reste plus que 4 mois pour conclure un accord, puisque le gouvernement conduit par Boris Johnson, conforté par des élections législatives gagnées en décembre 2019, n’a cessé de proclamer que le Royaume-Uni ne négocierait plus après le 31 décembre 2020, qui marquera la fin de la période de transition. Il est vrai que la population britannique comme la classe politique en a marre, au bout de quatre ans, le vote fatidique en faveur du Brexit remontant au 23 juin …2016 ! Quatre ans qui ont permis d’ailleurs – faible consolation – de faire prendre conscience aux citoyens de Sa Majesté britannique qu’ils avaient été largement bernés sur les conséquences d’une sortie de l’Union… Il ne s’agit d’ailleurs pas d’un revirement total, mais sondage après sondage depuis deux ans, les majorités se sont quand même inversées en faveur d’un maintien dans l’UE.

Malgré cela, le négociateur britannique reste intransigeant, notamment sur les futures relations commerciales, alors même que 48% des exportations du Royaume-Uni vont dans l’Union européenne ! Une sortie définitive du Royaume-Uni de l’UE, sans aucun accord, serait une catastrophe économique et sociale pour les Britanniques compte tenu de liens très étroits (textes juridiques et commerciaux, contrats, accords, partenariats), qui affecterait gravement son PIB et son niveau de vie, mais il serait également, certes dans une moindre mesure, problématique pour les 27 Etats membres et principalement les 19 Etats de la zone euro. Même si l’UE n’exporte vers le Royaume-Uni que 8% de ce qu’elle produit, l’impact sur certains secteurs, territoires et populations ne serait pas négligeable.

A commencer par des files d’attente énormes de poids lourds au départ pour le Royaume-Uni. La France est la plus concernée, étant la plus proche. Il a été calculé, par le cabinet Euler Hermes, une perte d’exportations d’un montant de 3 milliards € pour la France. Car en quittant l’Union, les relations économiques entre l’UE et le Royaume-Uni passeraient sous le régime de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Cela entrainerait automatiquement des droits de douane supplémentaires.

Après l’épidémie mondiale du Coronavirus et la crise économique et sociale qui s’annonce, nous n’avions pas besoin de cela, en plus ! Par exemple, l’industrie automobile serait très affectée par des droits de douane élevés. Mais aussi les exportateurs français de vins et spiritueux, le Royaume-Uni étant le deuxième plus gros client en la matière ! Au total, 30.000 entreprises françaises exportent au Royaume-Uni et 3.000 s’y sont même installées. Le Royaume-Uni est aussi le troisième client du secteur agricole français (3 milliards € d’excédent en 2018 et 2019). Pour ne prendre qu’un exemple, sur les produits laitiers, les Britanniques envisageraient de mettre des droits de douane à … 41% !!

Le Brexit impactera aussi plusieurs lignes budgétaires du Cadre Financier Pluriannuel (le budget européen sur sept ans), notamment la Politique agricole commune (PAC), dont la France est le premier bénéficiaire avec 9,4 milliards € par an.

Pour la période 2021-2027, le Conseil européen a conclu un accord, le 21 juillet 2020, prévoyant une baisse du budget de la PAC de 388 milliards € à 336 milliards €. Une part de cette baisse est la conséquence de la perte des financements britanniques au budget européen (soit 14 milliards nets), car le Royaume-Uni était aussi un contributeur net (et supérieur, d’ailleurs, à la France).

En cas de No-Deal, ce sera catastrophique pour les pêcheurs de l’UE, notamment français. Car les eaux britanniques sont les plus poissonneuses d’Europe. Le Royaume-Uni pourrait soit bloquer l’accès à ses eaux aux bateaux européens ; soit, plus vraisemblablement, les accepter, mais avec des taxes élevées et peut-être, en prime, une restriction drastique des quotas de pêche. Sachant que les pêcheurs français effectuent 30% de leurs captures dans les eaux britanniques, et même 60 à 90% pour plusieurs catégories de poissons, la situation deviendra vite intenable. C’est pourquoi l’UE a déjà promis de donner une compensation financière aux cas les plus difficiles. Les sommes prélevées se feront donc au détriment d’autres actions prévues dans le budget européen…Le cercle vicieux…

Les territoires les plus affectés par un No-Deal et le retour des barrières douanières seront logiquement le littoral de la Manche : Hauts de France, Bretagne et Normandie. Sans oublier la côte Belge, autour d’Ostende. Outre les taxes coûteuses, un brexit sans accord débouchera sur des normes phyto-sanitaires et sécuritaires différentes, des démarches administratives lourdes, des déclarations en douane systématiques. Un cauchemar…

Les Etats membres, et particulièrement la France, se sont préparés au pire : la région Hauts de France a un numéro vert qui renseigne bien les entreprises et les citoyens. Le Ministère de l’Economie a élaboré un « outil d’autodiagnostic » pour les entreprises concernées (à consulter sur le site du Ministère).

Le « no-deal » coûterait la perte de 50.000 emplois en France. Mais 500.000 au Royaume-Uni, compte tenu de ses échanges commerciaux considérables avec les 27.

Un Brexit « dur » impactera les citoyens. 150.000 citoyens britanniques résident en France ( et 1,4 millions dans toute l’Union). En France ils devront avoir un visa à partir du 1er juillet 2021.

Pour les voyageurs, touristes ou professionnels se rendant au Royaume-Uni, ils auront un contrôle d’identité comme avant (car le Royaume-Uni se fait pas partie de l’Espace Schengen). Mais un no-deal débouchera sur des contrôles douaniers supplémentaires pour les personnes aussi, des questions sur les raisons du voyage, la fouille des bagages … Pour les transports aériens, les compagnies aériennes britanniques ont ouvert, depuis 2017, des filiales dans plusieurs Etats de l’UE pour pouvoir garder des vols intra-européens. Bien joué ! Bien sûr, l’Eurostar continuera à circuler dans le tunnel sous la Manche, mais des relations dures engendreront des contrôles supplémentaires, donc des retards inévitables..

Pour des raisons de politique intérieure, le gouvernement britannique ne cherche pas vraiment de compromis acceptable pour les deux parties. Il reste 4 mois pour qu’il revienne à la raison. Car il aura beaucoup plus à perdre que les 27 Etats-membres. Nos économies sont très interdépendantes, et il y a tellement de partenariats développés en 46 ans ! Le gouvernement britannique sait en outre que l’UE, depuis trois ans, est restée parfaitement solidaire et unie sur ce dossier majeur. Nous avons la chance aussi, d’avoir un négociateur efficace, vigilant et déterminé, avec une équipe solide qui l’assiste.

Espérons que la raison finira par l’emporter, dans le respect de chacun et pour le bénéfice de tous les citoyens européens. Un accord final est de plus en plus difficile, mais pas encore impossible. D’autant que le Royaume-Uni cumulerait la crise économique du Brexit avec celle de la Covid-19, étant le plus touché d’Europe, avec déjà 42.000 décès.

Sinon, tous les acteurs mondiaux qui nous sont hostiles, car l’Union est un géant économique, occupant la première place mondiale en matière commerciale et la seconde en matière économique, se réjouiront de cet affaiblissement intra européen, dans un contexte mondial aux relations diplomatiques tendues. Les Etats-Unis, la Chine, la Russie, la Turquie et d’autres guettent et exploitent nos moindres « faux-pas ». Cessons de leur donner des occasions !

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